Méthode de la
dissertation en
série générale

Cédric Eyssette (2021-2022)
http://eyssette.github.io

Au baccalauréat

  1. Un choix à faire parmi 2 sujets de dissertation et 1 sujet d'explication de texte.
  2. Temps limité : 4h.

Choisir un sujet

  1. Ne pas se ruer sur un type d’exercice (la dissertation ou l’explication)
  2. Se méfier des sujets qui semblent proches du cours
  3. Ne pas éliminer trop vite un sujet qui semble trop difficile
  4. Ne pas forcément choisir le sujet qui nous intéresse le plus
  5. Choisir un sujet sur lequel on a des connaissances et où on peut développer
  • I – Le brouillon
    • A. Trouver des idées
    • B. Organiser ses idées
  • II – La rédaction
    • A. Un exemple commenté
    • B. Conseils généraux
  • III – L'évaluation
    • A. Les critères
    • B. L'échelle de notes

I – Le brouillon

Le travail au brouillon est essentiel : il ne faut pas penser dans sa tête, il faut penser avec son stylo !

Il faut prendre le temps de faire le brouillon correctement : environ 1h30 pour un devoir en 4h.

A. Trouver des idées

1/ Il faut analyser tous
les termes du sujet

Exemple de travail au brouillon

  1. Le bonheur n'est-il qu'un idéal ?

2/ Il faut construire des arguments à partir de cette analyse et à partir du cours

  1. On part de la notion principale ou d'une autre idée, et on cherche à construire un chemin vers l'autre notion importante
  2. On approfondit au maximum chaque argument :
    1. avec une analyse précise des termes employés
    2. en mobilisant des connaissances, des références théoriques et des exemples
  1. On explore un maximum d'arguments possibles :
    1. varier les réponses : (réponses “oui” et réponses “non”, réponses opposées à notre point de vue, réponses radicales …)
    2. varier les domaines et les niveaux d'analyse (éthique, politique, individuel, social-culturel …)
    3. varier les sens possibles des notions du sujet
  2. On cherche des objections et des réponses possibles à ces objections

B. Organiser ses idées

3 principes pour le plan

  1. On laisse de côté les banalités. On garde seulement les arguments les plus pertinents et ceux qu'on peut le plus développer
  2. Pour faire une partie, on regroupe 2 à 4 arguments, avec la même idée directrice, qui doit correspondre à l'examen d'une réponse au sujet
  3. On fait 2 ou 3 parties et il doit y avoir une progression logique dans son plan

De manière générale, il faut suivre une progression du plus simple au plus complexe.

Donc : en première partie, on commence par l'idée qui semble la plus simple.

Plan classique en 2 parties

I II
R1 R1 R2
  • I – On défend une
    première réponse
    II – On la critique et on défend une autre réponse

⚠️ Si on fait un plan en 2 parties, il faut davantage développer chaque partie

Plans classiques en 3 parties

  1. I II III
    R1 R1 R2 R2 +
    • On améliore la deuxième partie
  2. I II III
    R1 R1 R2
    • On distingue la
      critique de R1 (II) et
      la défense de R2 (III)
  3. IIIIII
    Sens 1Sens 2
    R1R1 R2R3
    • On
      réinterprète
      le sujet

Au brouillon, on note son plan détaillé :

  1. Une page de brouillon par partie
  2. Pour chaque partie, les arguments
  3. Pour chaque argument : les éléments d'analyse, et si possible la référence théorique et l'exemple
  4. On vérifie toujours le lien avec le sujet et l'organisation logique

II – La rédaction

A. Un exemple commenté

L'exemple de dissertation rédigée présente ce qu'il faut faire, et on complétera par des remarques sur ce qu'il ne faut pas faire

  1. L'introduction
    • Ne pas faire l'analyse une par une des notions
    • Ne pas utiliser des références à un auteur, des termes techniques, ou des exemples
    • R1 et R2 ne doivent pas être complémentaires, mais vraiment opposées
    • Ne pas dévier vers un autre sujet
  1. Le développement
    • Il ne faut pas que le raisonnement se disperse
      • ⚠️ à l'organisation logique
      • ⚠️ au lien avec le sujet
    • Dans le modèle ARES :
      • Pour l'Argument : ne pas aller trop vite
      • Pour la Référence et l'Exemple :
        • Ne pas oublier d'utiliser au moins l'un des deux
        • Ne pas en rester à une simple évocation vague
        • Il ne faut pas que le raisonnement se disperse
  1. La conclusion
    • Ne pas faire d'ouverture
    • Ne rien ajouter de nouveau
    • Ne pas finir par une réponse vague (“Il faut trouver un juste milieu”, “Dans certains cas …”)
    • Ne pas finir par une non-réponse (“Ça dépend de chacun”, “La question est difficile et on ne peut pas répondre”)

B. Conseils généraux

  1. Écrire son introduction au brouillon. Ensuite : rédiger au fur et à mesure. Si difficulté : chercher au brouillon.
  2. Écrire lisiblement et clairement. Éviter les phrases trop longues, ne pas chercher à faire du style ou des phrases compliquées.
  3. Attention à la syntaxe, aux mots de liaison. Les idées doivent s'enchaîner le plus naturellement et logiquement possible.
  1. Il vaut mieux éviter d'utiliser le “je”, car le risque c'est d'en rester à une simple affirmation sans arguments. Par ailleurs : pas de “tu" ou de “vous”.
  2. Votre propos doit exprimer une dynamique de réflexion : ne pas hésiter à écrire des questions (et à y répondre…) !
  3. Il faut imaginer que vous écrivez à une personne qui n'a jamais fait de philosophie : vous devez tout expliquer.
  1. Relire régulièrement ce que l'on vient d’écrire (pour vérifier que c'est clair et correct du point de vue linguistique).
  2. Relecture finale nécessaire pour l'orthographe : attention aux accents, aux terminaisons, à l'écriture des termes vus en cours et à vos erreurs fréquentes.

III – L'évaluation

A. Les critères

La forme

P Présentation &
phrases correctes
OL Organisation logique
LS Lien avec le sujet
M Méthode

Le fond (le contenu)

I Idée pertinente
A Analyse et argumentation
R Référence théorique
E Exemple concret

B. L'échelle de notes

  1. 0 : plagiat, fraude, ou refus de faire l'exercice.
  2. Entre 1 et 6 : devoir très court, très peu de contenu, pas de méthode.
  3. Entre 7 et 10 : devoir généralement court, un peu de méthode, un peu de contenu mais du hors sujet ou des banalités ou pas de développement pertinent.
  4. Entre 11 et 14 : devoir construit, de la méthode, une réflexion sur certains enjeux du sujet, des éléments de contenu et de connaissance.
  5. Entre 15 et 20 : devoir très bien construit, méthode maîtrisée, une réflexion développée sur le sujet, des éléments précis de connaissance bien mobilisés.

1) Il faut analyser tous les termes du sujet 2) Il faut construire des arguments à partir de cette analyse et à partir du cours

Faire le travail d'analyse au tableau Le bonheur -> satisfaction globale, durable ≠ plaisir : s. partielle, éphémère ≠ insatisfaction, souffrance -> état de plénitude ≠ état de manque -> désir ↑ Schopenhauer : désir -> toujours plus -> souffrance incessante (tonneau percé) ↓ Société de consommation (pub) ↑ Kant : idéal de l'imagination ≠ raison ↑ Épicure : simple plaisir d'exister …… …… idéal -> perfection -> but, objectif -> “idéaliser” : voir les choses mieux qu'elles sont, masquer certains aspects du réel ↑ Pascal : divertissement ≠ accepter le réel ↑ stoïcisme qu'un idéal -> utopie, rêve, imagination, illusion -> impossible, irréalisable -> projet vague, rien de précis -> déception, désespoir, désillusion

Donner pour trois exemples d'arguments (bonheur) -> satisfaction globale, durable -> proche de la perfection -> impossible ? -> (qu'un idéal) ? (bonheur) -> plénitude ≠ manque -> satisfaire désirs pour combler manque Mais : désir -> souffrance incessante => impossible => (qu'un idéal) (tragique) -> toujours exposé au malheur -> (bonheur) : fragile, vulnérable -> satisfaction globale et durable : impossible -> (qu'un idéal) + exemple pour compléter un argument : tragique => tr. de l'impuissance (temps : indomptable) désir -> souffrance ↑ Schopenhauer (tonneau percé) ↓ Société de consommation (pub)

usage du cours, référence théorique, exemple concret

Exemple de réinterprétation du sujet : peut-on tout dire ? question des limites de la liberté d'expression "peut-on" = possibilité légale et morale question des possibilités d'expression du langage "peut-on" = possibilité logique et réelle

Trois manières de faire une troisième partie à partir d'un plan en 2 parties : 1. On améliore la deuxième partie 2. On distingue la critique de R1 (qu'on met en II) et la défense de R2 (qu'on met en III) 3. On réinterprète le sujet

pour 2 et 3 : simplement sous forme de liste, avec seulement quelques mots-clés, sans précision

Lire l'introduction / Des questions après cette première lecture ?

Ça c'est le travail au brouillon

On les garde pour le développement

Exemple : “Que gagne-t-on à travailler ?" : de l'argent / de l'expérience / de la reconnaissance sociale => des réponses complémentaires et non pas opposées // on gagne (de l'argent, de l'expérience …) / on ne gagne rien, on perd son temps, de l'énergie …

Lire le développement / Des questions après cette première lecture ?

1 sous-partie = 1 argument ; 1 partie = des arguments avec la même idée directrice

il faut prendre le temps de construire son raisonnement par soi-même, étape par étape

attention à la cohérence avec l'argument, attention à ne pas se faire prendre dans les rails du cours

Lire la conclusion / Des questions après cette première lecture ?