L'argument
des influences
inconscientes
Les limites
de cet
argument
vs.
Première partie
« Partie subordonnée d’un grand tout, l’homme est forcé d’en éprouver les influences. […] Les erreurs des philosophes sur la liberté de l’homme, viennent de ce qu’ils ont regardé sa volonté comme le premier mobile de ses actions, & que, faute de remonter plus haut, ils n’ont point vu les causes multipliées & compliquées indépendantes de lui qui mettent cette volonté elle-même en mouvement […]. Cependant il faut avouer que la multiplicité & la diversité des causes qui agissent sur nous souvent à notre insu, font qu’il nous est impossible, ou du moins très difficile, de remonter aux vrais principes de nos actions […]. Voilà ce qui rend l’étude de l’homme […] si difficile »
D'Holbach, Système de la nature, chap. XI
« Dans le cours des siècles, la science a infligé à l’égoïsme naïf de l’humanité deux graves démentis. La première fois, ce fut lorsqu’elle a montré que la terre, loin d’être le centre de l’univers, ne forme qu’une parcelle insignifiante du système cosmique dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur [...]. Le second démenti fut infligé à l’humanité par la recherche biologique, lorsqu’elle a réduit à rien les prétentions de l’homme à une place privilégiée dans l’ordre de la création, en établissant sa descendance du règne animal [...]. Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître dans sa propre maison, qu’il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique. »
Freud, Introduction à la psychanalyse (1916), II, chap. 18
Freud prétend inscrire la psychologie dans l'histoire des grandes découvertes scientifiques
Physique | Copernic | La Terre n'est pas le centre du monde |
Biologie | Darwin | L'être humain n'est pas le centre de la vie sur Terre |
Psychologie | Freud ! | ……………… n'est pas le centre de ……………… |
La conscience
l'esprit humain
« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison »
Freud
Le moi conscient ne représente que la surface de la vie psychique.
Il faut explorer les profondeurs de l'esprit humain : il y a en nous un inconscient psychique qui constitue l'essentiel de ce que nous sommes
Le Moi | la salle de conférence | = les fonctions conscientes (agir, parler, réfléchir …) |
Le Ça | les personnes dehors qui veulent rentrer dans la salle |
= les pulsions inconscientes (pulsions sexuelles et agressives) |
Le Surmoi | un gardien qui contrôle l'entrée |
= le refoulement des pulsions qui ne correspondent pas aux normes sociales et à un idéal du moi que nous avons intériorisés |
Argument 1
On ne peut certes pas observer directement l'inconscient, mais on peut l'observer indirectement, car l'inconscient se manifeste par certains effets observables :
Un exemple : le rituel du coucher d'une jeune fille.
Objection contre l'argument 1 : il ne s'agit pas d'une observation, mais d'une interprétation et on pourrait faire, de manière arbitraire, une psychanalyse sauvage de n'importe quel comportement.
Argument 2 & objections : On peut distinguer les interprétations arbitraires et les interprétations justifiées. Pour qu'une interprétation soit justifiée, il faut qu'elle respecte certains critères.
Critère de la source |
Le patient lui-même doit être la source de l'interprétation | Objection : Il est possible que l'interprétation soit en fait suggérée par l'analyste |
Critère de la cohérence |
L'interprétation doit être cohérente et apporter de la cohérence en donnant une explication à des phénomènes qui semblent incohérents | Objections : 1) La cohérence ne suffit pas à établir la vérité 2) Il y a d'autres explications possibles |
Critère du succès thérapeutique | La compréhension par le patient du sens de ses symptômes doit lui permettre de s'en libérer |
Objections : 1) Les effets thérapeutiques de la psychanalyse sont remis en cause 2) L'effet thérapeutique pourrait n'être qu'un effet placebo (ou un effet Dodo) |
Les hypothèses spécifiques de Freud sont remises en causes, mais la psychologie contemporaine conserve généralement certaines idées :
Un biais cognitif est une tendance à penser ou raisonner en fonction d'un schéma automatique.
L'effet de leurre (Decoy effect)
Le biais de statu quo
Définition
Un nudge désigne une manière d'influencer les comportements qui ne fait appel ni à la violence (exercice direct de la force physique) ni à la contrainte (interdiction et menace de sanctions) mais repose sur la connaissance de la psychologie humaine.
Antoine Gallien, Baisemains et mocassins (2005)
Dans le film L'esquive, d'Abdelattif Kechiche, Un groupe d'adolescents d'une cité HLM répète, pour leur cours de français, un passage de la pièce Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux.
« Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. »
Karl Marx, Contribution à la critique de l’économie politique, préface
Deuxième partie
« Pour établir la preuve de la liberté, considérons d’abord que certains êtres agissent sans aucun jugement, comme la pierre qui tombe vers le bas […] D’autres êtres agissent d’après un certain jugement, mais qui n’est pas libre. Ainsi les animaux telle la brebis qui, voyant le loup, juge qu’il faut le fuir […] par un instinct naturel. […] Mais l’homme agit d'après […] un rapprochement de données opéré par la raison. »
Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, question 83, réponse
Exemple 1 : le roulement des œufs chez l'oie cendrée
Exemple 2 : l'agressivité de l’épinoche
Agir par instinct | Agir après réflexion |
---|---|
? | ? |
? | ? |
? | ? |
Agir par instinct | Agir après réflexion |
---|---|
3 Point de départ : un stimulus qui déclenche immédiatement une réaction | 1 Point de départ : une situation qui est analysée et examinée |
4 Conséquence : un mécanisme rigide et automatique … | 2 Conséquence : un comportement flexible et inventif … |
5… qui est toujours le même pour tous les individus de la même espèce | 6 … qui peut être différent selon l'individu et la situation |
Une différence de degré et non de nature
« [C]’est pourquoi l’homme agit selon un jugement libre, car il a la faculté de se porter à divers objets. En effet, dans le domaine du contingent, la raison peut suivre des directions opposées […]. Or, les actions particulières sont contingentes ; par suite le jugement rationnel qui porte sur elles peut aller dans un sens ou dans l’autre, et n’est pas déterminé à une seule chose. En conséquence, il est nécessaire que l’homme ait le libre arbitre, par le fait même qu’il est doué de raison. »
Thomas d'Aquin, Somme théologique, I, question 83, réponse
Ce qui est nécessaire, c'est ce qui ne peut pas être autrement, c'est ce dont le contraire est impossible.
Ce qui est contingent, c'est ce qui pourrait être autrement, c'est ce dont le contraire est possible.
« Comparons l'âme aux forces réunies d'un attelage […] et d'un cocher. […] : le cocher dirige l'attelage, mais des coursiers l'un est beau et bon et d'une nature excellente, l'autre est d'une nature bien différente : d'où il suit que chez nous l'attelage est pénible et difficile à guider. »
Platon, Phèdre
L'expérience du chamallow
« [D]epuis que les sciences positives de la nature se sont constituées […], que de changements n'avons-nous pas introduits dans l'univers ! Il en sera de même dans le règne social. […] [C]'est la sociologie qui, en découvrant les lois de la réalité sociale, nous permettra de diriger avec plus de réflexion que par le passé l'évolution historique ; car nous ne pouvons changer la nature, morale ou physique, qu'en nous conformant à ses lois. […] Les sciences, en même temps qu'elles proclament la nécessité des choses, nous mettent entre les mains les moyens de la dominer. »
Émile Durkheim, Sociologie et sciences sociales
Les hypothèses déterministes dans les sciences humaines ne conduisent pas au fatalisme.
Le fatalisme suppose l'existence d'un destin face auquel nous sommes impuissants.
C'est l'idée que de toute façon, ce qui doit arriver arrivera, quoi que l'on fasse.
Le déterminisme, c'est l'idée qu'on peut expliquer un phénomène par les facteurs qui sont la cause de ce phénomène.
L'idée ici c'est que, grâce aux sciences humaines, nous pouvons agir sur les facteurs (biologiques, psychiques, sociaux) qui peuvent exercer une influence sur nous.
https://www.youtube.com/watch?v=QOZRim9SKm8
Faire rapprochement avec “Le jeu de la mort”
Faire un rappel sur l'empathie, le cours sur les morales du sentiment, l'idée de mise à distance d'autrui, la question de la “banalité du mal”
Faire noter : "Partie subordonnée d’un grand tout, l’homme est forcé d’en éprouver les influences." L'être humain n'est pas un être à part, il existe dans une situation, un contexte. Il faut expliquer le comportement des êtres humains par des causes. Ces causes sont : multiples, complexes, et agissent "à notre insu" (de manière inconsciente). Une simple réflexion par soi-même sur l'être humain ne suffit pas : il faut parvenir à étudier l'être humain, en tant qu'objet d'une connaissance scientifique.
Présenter autrement : mettre directement titre partie A. Simplifier le titre "A. Les facteurs …" faire partie A sur les facteurs biologiques Les facteurs biologiques envisageables : les gènes, les hormones, les neurones Cas examiné : les gènes Partir de ce que les élèves connaissent de la génétique La génétique des comportements quelques modèles animaux Les limites : 1) la complexité psychologique, sociale humaine => pas de transposition possible d'une espèce animale à l'être humain 2) la complexité génétique : on ne peut pas associer un comportement à l'expression mécanique d'un gène Reste la question de l'influence de certains facteurs génétiques (sans identification précise, et sans fatalisme) sur l'augmentation de la probabilité d'apparition de certaines caractéristiques. Attention aux raccourcis, aux simplifications. Prudence requise.
La Terre n'est pas le centre du monde : Passage d'un univers fini avec un centre (la Terre : géocentrisme) à un univers infini, sans centre L'être humain n'est pas le centre de la vie sur Terre : dépassement des anciennes classifications du vivant (hiérarchisation avec l'être humain au sommet) ; cf. le buisson du vivant au Musée des Confluences https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Img492-2015-04-06.xml
Le moi conscient ne représente que la surface de la vie psychique. Il faut explorer les profondeurs de l'esprit humain : Nous ne sommes pas transparents à nous-mêmes : il faut explorer les profondeurs de l'esprit humain pour nous comprendre. L'essentiel de notre vie psychique
à partir de 10'54
Un site très bien fait pour explorer les différents biais cognitifs : https://www.shortcogs.com/ Une infographie qui cherche à faire une liste de tous les biais cognitifs : https://www.penser-critique.be/wp-content/uploads/2018/02/codex-biais-cognitifs.pdf Deux articles de l'_Encyclopédie Philosophique_ sur les biais cognitifs : [version grand public](https://encyclo-philo.fr/s/encyclophilo/item/54) et [version académique](https://encyclo-philo.fr/s/encyclophilo/item/165)
(https://eyssette.github.io/argument-map/#[{%22id%22:%22a6ryk%22,%22text%22:%22Quand%20je%20r%C3%A9fl%C3%A9chis%20avant%20d'agir,%20je%20peux%20envisager%20plusieurs%20possibilit%C3%A9s%22,%22x%22:1356,%22y%22:380,%22lineType%22:%22solid%22},{%22id%22:%22zpt26%22,%22text%22:%22Quand%20j'agis,%20je%20fais%20un%20choix%20mais%20j'aurais%20pu%20faire%20un%20autre%20choix%22,%22x%22:1233,%22y%22:539,%22lineType%22:%22solid%22},{%22id%22:%22awn8d%22,%22text%22:%22Je%20suis%20capable%20de%20r%C3%A9fl%C3%A9chir%20avant%20d'agir%22,%22x%22:1106,%22y%22:371,%22lineType%22:%22solid%22},{%22id%22:%22gneop%22,%22type%22:%22donc%22,%22from%22:[%22zpt26%22],%22to%22:%22jozk6%22},{%22id%22:%22be0s9%22,%22type%22:%22donc%22,%22from%22:[%22jozk6%22],%22to%22:%22levpg%22},{%22id%22:%22s4jo6%22,%22type%22:%22donc%22,%22from%22:[%22awn8d%22,%22a6ryk%22],%22to%22:%22zpt26%22},{%22id%22:%22jozk6%22,%22text%22:%22Quand%20j'agis,%20je%20suis%20ma%C3%AEtre%20de%20la%20d%C3%A9cision%20que%C2%A0je%20prends%22,%22x%22:1232,%22y%22:694,%22lineType%22:%22solid%22},{%22id%22:%22levpg%22,%22text%22:%22Quand%20j'agis,%20j'ai%20un%C2%A0libre%C2%A0arbitre%22,%22x%22:1235,%22y%22:828,%22lineType%22:%22solid%22}]
Changer image + ajouter après : coup de tête de Zidane + scène de Minority Report
Rappel sur le stoïcisme, le film Detachment Coup de tête de Zidane contre Materazzi (juillet 2006) lors de la finale de la Coupe du monde de football
Rappel de cette analogie dans le dossier sur “nos désirs nous égarent-ils ?”
Rappel de la distinction désir / volonté
Eventuellement ? : question de la faiblesse de la volonté (acrasie) ? On peut même : se rendre compte d'un facteur d'influence, et ne pas réussir individuellement à réagir
déterminisme au sens "faible" ≠ déterminisme au sens fort : Q3 si je la fais, sur l'absence de possibilités alternatives / un seul futur possible. Argument du démon de Laplace La connaissance des déterminismes, ici, désigne la connaissance des facteurs qui influencent les choix des êtres humains
Donner un exemple