Première partie
Le langage n'exerce pas un pouvoir sur nous. C'est nous qui exerçons un pouvoir grâce au langage
« Le message des abeilles n'appelle aucune réponse de l'entourage, sinon une certaine conduite, qui n'est pas une réponse. Cela signifie que les abeilles ne connaissent pas le dialogue, qui est la condition du langage humain. Nous parlons à d'autres qui parlent, telle est la réalité humaine. [...] Parce qu'il n'y a pas de dialogue pour les abeilles, la communication se réfère seulement à une certaine donnée objective. Il ne peut y avoir de communication relative à une donnée “linguistique” [...] L'abeille ne construit pas de message à partir d'un autre message. [...] L'ensemble de ces observations fait apparaître la différence essentielle entre les procédés de communication découverts chez les abeilles et notre langage. Cette différence se résume dans le terme qui nous semble le mieux approprié à définir le mode de communication employé par les abeilles ; ce n'est pas un langage, c'est un code de signaux. »
Benveniste, Problèmes de linguistique générale
Un signal est un signe qui vise à déclencher un comportement
Le langage humain ne se réduit pas à des signaux. Il rend possible la communication d'une pensée qui peut être interprétée et discutée.
« C'est dans les mots que nous pensons. Nous n'avons conscience de nos pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons [une] forme objective […] On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable. Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car, en réalité, l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. Sans doute on peut se perdre dans un flux de mots sans saisir la chose. Mais la faute en est à la pensée imparfaite, indéterminée et vide, elle n'en est pas au mot. […] Par conséquent, l'intelligence, en se remplissant de mots, se remplit aussi de la nature des choses. »
Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, Philosophie de l'Esprit
Deuxième partie
« Des débats ont été engagés, dirait l'ambassadeur, des suggestions émises, des conclusions tirées et des programmes adoptés. Ces projets, qui ont été élaborés dans le sens de l’harmonisation des textes, visent, à travers une définition précise des études préalables, à renforcer la mise en œuvre des dispositions établies lors de la précédente réunion. Les mêmes dispositions tendent, du reste, à inspirer aux participants une programmation plus rigoureuse de leurs activités d’étude pour une meilleure maîtrise des projets, de manière à mettre en œuvre les modalités d’une amélioration de l’efficacité pratique des capacités. Compte tenu des grands espoirs nourris par les participants, ils se sont entendus pour conjuguer leurs efforts dans les domaines de la responsabilité, de la fidélité et de la cohésion. Davantage. Ils attendent – et l’expression est de la bouche même du président de la séance – une multiplication des efforts en vue de réaliser les principaux objectifs assignés. Vous avez un saladier ? Demanda Kabrowinski. Pardon ? Un saladier, répéta-t-il en mimant approximativement un saladier. »
Jean-Philippe Toussaint, La Salle de Bain, éd. Minuit, p.34-35
La rhétorique est un ensemble de techniques du discours qui permettent de parler avec éloquence, avec aisance et d'être capable de persuader son auditoire.
La sociolinguistique étudie le langage d'un point de vue sociologique et s'intéresse aux variations dans l'usage d'une langue en fonction du contexte social
Antoine Gallien, Baisemains et mocassins (2005)
Enquête de l'émission Strip-tease sur la pratique
des rallyes dans la haute bourgeoisie
« Le langage pourrait-il nous blesser si nous n'étions pas, en un sens, des êtres de langage, des êtres qui ont besoin du langage pour être ? Sommes-nous vulnérables parce que les termes du langage nous constituent ? […] Être insulté est l'une des premières formes de blessure linguistique dont nous avons l'expérience. Mais tous les noms que l'on nous donne ne sont pas injurieux. Recevoir un nom est aussi l'une des conditions de la constitution d'un sujet dans le langage […]. Le nom utilisé pour nous appeler ne nous fige pas purement et simplement. Recevoir un nom injurieux nous porte atteinte et nous humilie. Mais ce nom recèle par ailleurs une autre possibilité : recevoir un nom, c'est aussi recevoir la possibilité d'exister socialement. »
Judith Butler, Le Pouvoir des mots. Discours de haine et politique du performatif
Le langage ne semble pas <br>agir sur nous : il ne fait<br> qu'exprimer une pensée Le langage est un simple véhicule de notre pensée : il n'exerce pas de pouvoir sur nous Utiliser le langage, ce n'est pas agir, c'est simplement exprimer une pensée Le langage ne semble pas agir sur nous : il ne fait qu'exprimer une pensée Le langage n'est pas un Le langage nous donne le pouvoir de nommer les choses et d'enrichir notre pensée
// https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/zoologie-animaux-ont-ils-culture-1525/page/6/ // Honey bee societies and dance floor democracy | Margaret Couvillon | TEDxHousesofParliament : https://www.youtube.com/watch?v=tcXkQBY0i0k // Dancing bees cast their votes on the best land-types and areas for their food collection https://www.youtube.com/watch?v=AMU1KOF_Tck
// Reprendre l'analyse de la danse des abeilles
// + cas du chant des oiseaux : dialogue ?
Nous nous servons du langage comme un moyen pour nommer des choses et fixer notre pensée.
// Nous pouvons avoir l'impression que nous avons une intuition riche que nous ne parvenons pas à formuler. // Mais cette incapacité n'est que le signe d'une pensée en train de se construire. // C'est avec les mots que la pensée devient riche et précise.
// 1er extrait : distinguer possibilité légale/morale (question de la liberté d'expression et de la censure) et capacité réelle (niveau propre à la novlangue). // 2e extrait : contrôler la langue -> contrôler la pensée -> empêcher la possibilité même d'une critique sociale et politique
Discours positif creux
pas une stratégie consciente
Nous sommes des "êtres de langage" (Butler) : nous existons à travers le langage. Le langage n'est pas un simple moyen extérieur que nous utilisons, il nous constitue intérieurement