Le scepticisme se distingue du relativisme de la vérité : il ne rejette pas l'existence de la vérité, mais seulement la possibilité de la connaître.
Première partie
John Carpenter, Dark Star (1974)
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L'argument sceptique de la certitude impossible peut se fonder sur plusieurs idées :
D'après le sceptique, si je peux imaginer la possibilité que ce soit faux, alors je dois douter de la vérité de mon affirmation et ma croyance n'est pas une connaissance.
Quand on cherche à justifier une affirmation :
Les sceptiques estiment qu'aucune affirmation n'est évidente en elle-même et qu'on peut toujours poser la question : « qu'est-ce qui justifie cette affirmation ? »
Deuxième partie
Dans un contexte ordinaire, il serait déraisonnable d'adopter la démarche du doute radical : le doute n'a de sens que s'il est lui-même justifié, c'est-à-dire fondé sur de bonnes raisons.
Par exemple, Pierre Vidal-Naquet, dans Les assassins de la mémoire montre bien ce qu'il y de déraisonnable, et de scandaleux, dans le doute des révisionnistes qui affirment qu'on peut douter de l'existence des chambres à gaz.
« On peut en effet résumer ainsi les principes de la méthode révisionniste :
1. Tout témoignage direct apporté par un Juif est un mensonge ou une fabulation.
2. Tout témoignage, tout document antérieur à la libération est un faux ou est ignoré ou est traité de “rumeur” […]
3. Tout document, en général, qui nous renseigne de première main sur les méthodes des nazis est un faux ou un document trafiqué. […]
6. Tout un arsenal pseudo-technique [je maintiens cet adjectif] est mobilisé pour montrer l'impossibilité matérielle du gazage massif. […]
8. Enfin et surtout tout ce qui peut rendre concevable, croyable, cette épouvantable histoire, marquer l'évolution, fournir des termes de comparaison politique, est ignoré ou falsifié. »
L'empirisme est la thèse selon laquelle l'expérience est la source de nos connaissances sur la nature. Les vérités sur le monde ne sont pas des vérités de raison que l'on pourrait connaître a priori (avant même toute expérience), mais des vérités de fait, que l'on ne peut connaître qu'a posteriori (après l'expérience).
On peut distinguer deux formes d'empirisme :
Les hypothèses théoriques sont rarement construites à partir de l'observation de régularités dans les données disponibles : ce sont plutôt des conjectures audacieuses pour chercher à résoudre des problèmes théoriques.
Exemple principal : Neptune est d'abord une hypothèse construite par Urbain Le Verrier pour résoudre le problème du décalage entre la trajectoire calculée d'Uranus et la trajectoire observée.
La théorie ne vient pas après l'expérience. L'expérience est elle-même chargée de théorie.
L'expérience ne peut pas prouver la vérité d'une théorie. Une théorie est formulée de manière générale et même si une théorie est confirmée dans un grand nombre de cas particuliers, cela ne prouve pas qu'elle est toujours vraie.
« L'homme qui a nourri le poulet tous les jours de sa vie finit par lui tordre le cou, ce qui montre que le poulet aurait mieux fait d'avoir une vision plus subtile de l'uniformité de la nature »
Russell, Problèmes de philosophie, VI
Karl Popper considère que l'expérience n'a pas pour rôle de confirmer une théorie.
Une expérience peut seulement réfuter une théorie (c'est-à-dire prouver qu'elle est fausse).
Le raisonnement scientifique a donc la forme suivante :
Donc : l'hypothèse H est fausse, il faut changer d'hypothèse.
« [Le falsificationisme] considère les théories comme des conjectures ou des suppositions librement créées par l'esprit qui s'efforce de résoudre les problèmes posés par les théories précédentes […]. Une fois énoncées, les théories spéculatives doivent être confrontées rigoureusement et impitoyablement à l'observation et à l'expérience. Il faut éliminer les théories incapables de résister aux tests de l'observation ou de l'expérience […]. La science progresse par essais et erreurs, par conjectures et réfutations. Seules les théories les mieux adaptées survivent. On ne s'autorisera jamais à dire d'une théorie qu'elle est vraie, mais on tendra à affirmer qu'elle est la meilleure disponible, qu'elle dépasse toutes celles qui l'ont précédée. »
A. Chalmers, Qu'est-ce que la science ?, chap. 4
La connaissance scientifique n'est donc pas un domaine de certitudes prouvées par l'expérience, mais se définit par une démarche critique de confrontation avec l'expérience, qui permet de sélectionner les théories les plus proches de la vérité.