Au sens commun, être libre, c'est …
Liberté d'action | Liberté de la volonté |
---|---|
Avoir des droits civils et politiques Avoir des moyens matériels pour agir ≠ La prison ≠ La dictature ≠ La pauvreté |
Penser par soi-même Être capable de maîtriser ses impulsions ≠ Être endoctriné ≠ Être impulsif ≠ Avoir une addiction |
Première partie
« Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non. »
Épictète, Manuel
Ce qui dépend de nous |
Ce qui ne dépend pas de nous |
---|---|
? | ? |
? | ? |
? | ? |
Ce qui dépend de nous |
Ce qui ne dépend pas de nous |
---|---|
4 Exemples : notre manière de penser, nos choix … |
1 Exemples : le corps, l'argent, la réputation … |
2 Ce qui est intérieur |
6 Ce qui est extérieur à nous |
3 Ce qui est totalement soumis à notre volonté | 5 Ce qui échappe en partie à notre volonté |
« Pour tout objet qui t'attire, te sert ou te plaît, représente-toi bien ce qu'il est […] Quand tu te prépares à faire quoi que ce soit, représente-toi bien de quoi il s'agit. […] Ce qui tourmente les hommes, ce n'est pas la réalité mais les jugements qu'ils portent sur elle. […] »
Épictète, Manuel
« Henry Barthes est professeur remplaçant de littérature anglaise dans les lycées. […] Quand il arrive à son nouveau poste, il est immédiatement confronté à la violence environnante : le lycée est dans une zone difficile. Les enfants sont irrespectueux, agressifs. Henry ne s'émeut pas, il a une mission [à accomplir] » (source)
Deuxième partie
« [N]ous aimons trop la liberté – n’est-ce pas ? – pour nous contenter de son fantôme. Nous en voulons la réalité. Mais qu’est-ce qui constitue le fond réel et la condition positive de la liberté ? C’est le développement intégral et la pleine jouissance de toutes les facultés corporelles, intellectuelles et morales pour chacun. C’est par conséquent tous les moyens matériels nécessaires à l’existence humaine de chacun […]. Un homme qui meurt d’inanition, qui se trouve écrasé par la misère, qui se meurt chaque jour de froid et de faim, et qui, voyant souffrir tous ceux qu’il aime, ne peut venir à leur aide, n’est pas un homme libre, c’est un esclave. »
Bakounine, Trois conférences faites aux ouvriers du val de Saint-Imier, 2e conférence
Bakounine défend une conception perfectionniste de la liberté.
La liberté repose sur la possibilité d'exercer et de développer ses facultés. Elle consiste en une forme d'autonomie réelle et de perfectionnement de soi.
Pour être réellement autonome, il faut avoir les ressources nécessaires pour pouvoir effectivement réaliser ce que l'on veut.
La liberté réelle (= avoir la capacité) se distingue de la liberté formelle (= avoir simplement le droit).
Donc : la liberté de la volonté et la maîtrise de soi ne suffisent pas.
La liberté requiert des possibilités réelles d'agir dans le monde.
« Un homme condamné à rester toute la vie un être brutal, faute d’éducation humaine, un homme privé d’instruction, un ignorant, est nécessairement un esclave […]. Ce n’est pas tout. La liberté des individus n’est point un fait individuel, c’est un fait, un produit collectif. aucun homme ne saurait être libre en dehors et sans le concours de toute l’humaine société. […] Imaginez-vous l’homme doué par la nature des facultés les plus géniales, jeté dès son bas âge en dehors de toute société humaine, dans un désert. S’il ne périt pas misérablement, ce qui le plus probable, il ne sera rien qu’une brute, un singe, privé de parole et de pensée, — car la pensée est inséparable de la parole […]. Mais qu’est-ce que la parole ? C’est la communication, c’est la conversation d’un individu humain avec beaucoup d’autres individus. L’homme animal ne se transforme en être humain, c’est-à-dire pensant, que par cette conversation, que dans cette conversation. Son individualité, en tant qu’humaine, sa liberté, est donc le produit de la collectivité. L’homme ne s’émancipe de la pression tyrannique qu’exerce sur chacun la nature extérieure que par le travail collectif […]. Être libre dans l’isolement absolu est une absurdité […]. Pour être libre, j’ai besoin de me voir entouré, et reconnu comme tel, par des hommes libres. »
Bakounine, Trois conférences faites aux ouvriers du val de Saint-Imier, 2e conférence
Un bien rival est un bien tel que si j'ai plus de ce bien, alors les autres en ont moins.
On conçoit souvent la liberté comme un bien rival : c'est l'idée que si j'ai plus de libertés, alors les autres en ont moins. On conçoit alors les autres comme un obstacle à ma liberté.
Mais pour Bakounine, la liberté n'est pas un bien rival. Les autres ne sont pas un obstacle, mais une condition de ma liberté
>« _Invictus_ est un poème écrit par William Ernest Henley (1849-1903), qui témoigne de son long combat contre la douleur et la maladie. En raison d’une tuberculose osseuse déclarée à l’âge de 12 ans, Henley doit subir l’amputation de sa jambe gauche entre 1868 et 1869, puis luttera de nombreuses années pour sauver sa deuxième jambe. […] Après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, le poème devient indissociable de Nelson Mandela. On apprend en effet que _Invictus_ est son poème préféré, et qui l’a inspiré et soutenu dans les moments les plus noirs de ses 27 années de captivité. » ([source](https://deniscougot.wordpress.com/le-poeme-invictus/))
Question : Nelson Mandela est-il libre ? Qu'est-ce qui montre qu'il n'est pas libre ? Qu'est-ce qui montre qu'il est libre ?
« Pouvoir faire … » : Liberté d'action : pouvoir d'agir => ne pas être empêché de faire ce qu'on a choisi de faire (liberté extérieure : focalisation sur la réalisation, dans le monde extérieur, de ses choix) « … Ce que je veux » : Liberté de la volonté (libre arbitre) : pouvoir de choisir et de décider par soi-même => être maître de ses actes (liberté intérieure : focalisation sur la capacité intérieure de contrôler ce que l'on fait) – Condition des alternatives : plusieurs choix sont possibles, il y a plusieurs possibilités alternatives parmi lesquelles je peux choisir ; avoir réellement le choix entre plusieurs possibilités alternatives – Condition de la source : je suis vraiment la source de mes propres actes, par les choix que je fais ; être véritablement la source de ses actes
Prolongement avec les thérapies cognitives : agir sur les représentations pour guérir certains troubles de l'âme
“ne plus être le jouet de ses représentations“ => être maître de ses représentations ne pas être esclave de ses affects / être maître de soi, se gouverner par la raison
“Souviens-toi que ce qui te cause du tort, ce n'est pas qu'on t'insulte ou qu'on te frappe, mais l'opinion que tu as qu'on te fait du tort. Donc, si quelqu'un t'a mis en colère, sache que c'est ton propre jugement qui est le responsable de ta colère. Essaye de ne pas céder à la violence de l'imagination: car, une fois que tu auras examiné la chose, tu seras plus facilement maître de toi.” Epictète, Manuel, XX.
Ajouter : ce qui ne dépend pas de moi / ce qui dépend de moi
- “Être comme un roc face aux vagues” : qu'est-ce que cela veut dire ?
Exemple : liberté réelle de mouvement