Steve Cutts, Happiness
Schopenhauer
Épicure
vs.
Première partie
« Tout vouloir naît du besoin, donc du manque, donc de la souffrance »
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre III, §38
Le mythe d'Aristophane
Cette publicité repose sur … :
« [L]e sujet du vouloir […] remplit éternellement le tonneau des Danaïdes »
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, Livre III, §38
Image | Signification |
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Le tonneau plein | Le bonheur comme état de plénitude |
Le vide dans le tonneau | Un état de manque en nous, un état d'insatisfaction |
Remplir le tonneau | Chercher à combler ce manque en satisfaisant nos désirs |
Le tonneau est percé | Nous désirons toujours plus (= la pléonexie) |
Le tonneau se vide rapidement |
La satisfaction est temporaire : nous retombons vite dans l'insatisfaction |
Le tonneau ne sera jamais plein |
Nous ne parviendrons pas au bonheur |
Deuxième partie
« [L]e plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse »
Épicure, Lettre à Ménécée
L'hédonisme est une défense de la valeur du plaisir, c'est la thèse selon laquelle le plaisir est un bien qu'il faut rechercher
“Être un épicurien” au sens commun désigne le fait d'être un bon vivant qui profite de tous les plaisirs.
Mais : c'est un contresens sur la philosophie d'Épicure.
« Quand […] nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs voluptueux et inquiets […] Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. »
Épicure, Lettre à Ménécée
Épicure ne fait pas une critique moraliste des plaisirs, et il ne défend pas un ascétisme radical.
Pour Épicure, le plaisir qu'il faut rechercher c'est l'aponie et l'ataraxie.
Il faut distinguer deux formes d'hédonisme
L'hédonisme radical | L'hédonisme d'Épicure |
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? | ? |
? | ? |
? | ? |
L'hédonisme radical | L'hédonisme d'Épicure |
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1 consiste à désirer toujours plus |
4 consiste à retrouver le plaisir simple d'exister |
3 un hédonisme de l'excès, qui recherche les plaisirs dans la démesure |
6 un hédonisme mesuré, qui préfère les plaisirs stables |
5 démarche additive, voire multiplicative : on veut ajouter sans cesse de nouvelles expériences de plaisir | 2 démarche soustractive : il faut supprimer ce qui trouble notre corps et notre âme |
Parmi ce qui peut troubler notre corps et notre âme, il y a, pour Épicure, plusieurs croyances fausses, sur les Dieux et sur la mort, qui peuvent nous empêcher de retrouver le simple plaisir d'exister.
Vous pouvez consulter ce schéma pour comprendre ce que dit l'épicurisme à propos des dieux et de la mort.
« Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels les autres vains »
Épicure, Lettre à Ménécée
« Antonio “Tony” Montana (Al Pacino) […] est un petit malfrat cubain qui migre vers Miami dans l'espoir de faire fortune. Il trouve au départ un petit boulot dans une baraque à frites de Miami. Mais travailler pour quelques dollars ne correspond pas à l'idée qu'il se fait du « rêve américain ». Il se fait alors embaucher par un malfrat local puis par Frank Lopez, son patron]. […] Tony apprend vite le métier de mafioso de la drogue : il monte en grade […] Il a les dents beaucoup plus longues que ses collègues, il est mégalomane, ambitieux et d'une intelligence plus perverse. Il prend pour adage : The World is Yours (Le monde est à toi) [...] Mais il commence à faire des erreurs dans ce monde qui ne pardonne pas, où l'on est vite remplacé. Il prend conscience que d'être arrivé au sommet de la mafia ne le rend pas aussi heureux qu'il l'avait espéré, qu'il n'est pas capable de rendre heureuses les personnes qu'il aime » (source : wikipedia)
« Michael Fassbender se mue ici en cadre supérieur new yorkais à la vie très cloisonnée, incapable de vivre sa sexualité autrement que par le recours à la pornographie, à la prostitution, aux rencontres sans lendemain. [...] Steve McQueen dessine le portrait d’un homme perdu, esclave de ses démons. Captant un monde quadrillé à l’extrême (rues, façades de verre, bureaux, écrans…), jouant sur le paradoxe d’une infranchissable transparence, le réalisateur explore les méandres d’une solitude très contemporaine. » (source)
« Tout plaisir, pris en lui-même et dans sa nature propre est […] un bien, et cependant tout plaisir n’est pas à rechercher pareillement […] En tout cas, chaque plaisir et chaque douleur doivent être appréciés par une comparaison des avantages et des inconvénients à attendre. »
Épicure, Lettre à Ménécée
Il ne s'agit pas de se priver de plaisirs, mais simplement de calculer les conséquences (= la métriopathie).
Il ne s'agit pas d'atteindre un maximum de plaisirs, mais simplement de pouvoir toujours savourer le simple plaisir d'exister.
Le bonheur est défini ici comme un retour à notre nature.
Il faut savoir revenir à ce qu'il y a d'essentiel pour nous, en tant qu'êtres vivants et en tant qu'êtres humains.
On retrouve parfois une référence à Épicure dans certains mouvements contemporains autour des thèmes de la simplicité volontaire, de la décroissance ou de la sobriété heureuse.
Vous pouvez lire un document à propos de la simplicité volontaire afin de voir quelle comparaison on peut faire entre l'épicurisme et ce mouvement
Une norme sociale dominante : rats => effet de masse Montage : toujours désirer autre chose Présence massive de la publicité : (notamment référence au _Meilleur des mondes_ : “soma”) Scène “Disney” : illusion, on retombe vite dans l'insatisfaction (chute) piège à rat à la fin : coincés, prisonniers ? Destination (au début) : nowhere
Ce court métrage est une critique de la société de consommation, qui constitue une norme sociale dominante, dont le fondement repose sur l'incitation à l'achat de toujours plus de biens matériels et de services, par le biais principalement de la publicité. Plusieurs questions se posent : 1. Le désir d'avoir toujours plus est-il source de bonheur ou de souffrance ? 2. La consommation nous conduit-elle à une satisfaction profonde ou bien superficielle ? … durable ou éphémère ? … réelle ou illusoire ? 3. Sommes-nous prisonniers de ce modèle social ? Sommes-nous esclaves de nos désirs ?
Textes : https://docs.google.com/presentation/d/1gcoDJfp6Mj6GYOBzhRsaO9dqzREWVjnHbqKm5WAmDTQ/edit?usp=sharing
1. Attention d'ordinaire on distingue : le désir, la volonté, le besoin, qui ne sont pas à confondre 2. Première analyse : le désir est un manque, car on désire ce qu'on n'a pas Désirer quelque chose suppose que cette chose me manque pour que je sois pleinement heureux
https://www.youtube.com/watch?v=fmDpwXCyFOI
Éléments à retenir du mythe : 1. Au début de l'humanité, nous étions come des sphères avec 2 têtes, 4 bras … 2. Zeus nous punit de notre orgueil et nous sépare en deux 3. Dès lors, nous sommes à la recherche de notre moitié. Le désir amoureux = la quête d'une plénitude, d'une complétude c'est la recherche d'une fusion avec une personne pour ne faire qu'un avec elle (fusion psychique et physique : cf. ) Suite du mythe : Cette recherche est incessante et la fusion n'est jamais absolue d'incomplétude. Mais : 1/ On ne peut jamais avoir la certitude d'avoir trouvé notre “moitié”. 2/ La fusion est impossible : nous restons à jamais des individus séparés. => Le désir amoureux est une souffrance
La publicité utilise plusieurs procédés pour donner aux individus l’envie d’acheter un produit ou un service. Essayons d’analyser une publicité précise pour comprendre de manière plus concrète le mode de fonctionnement de la publicité. Dans une publicité, tout est signifiant, tout a été conçu pour susciter en nous une envie d’acheter le produit ou le service proposé. Il faut donc essayer de comprendre le sens de chaque élément et la manière dont ces éléments cherchent à créer en nous un désir. - l'excitation des sens : la nudité, les cheveux, la bouteille effleurée devant la poitrine => envie “brute” - perfection : signes du luxe et de la richesse (l'or : couleur, sonorités), de la distinction (Paris, absolu, la posture), de la beauté (retouches Photoshop pour correspondre à des "canons") - mise en scène du désir pour l'objet : adore, l'objet touché => envie d'avoir (je n'ai pas ce qui est désirable, je n'ai pas ce que les autres désirent) - transformation de l'individu grâce à l'objet : ambivalence du "Je" dans J'adore, Le féminin absolu, forme du parfum // femme (avoir le parfum : être comme cette femme) : mythe de Midas inversé (en touchant le parfum, je deviens quelqu'un d'autre : je me transforme) => envie d'être (je ne suis pas parfait·e) Le faire sous forme de carte mentale : La publicité Dior repose sur … - l'excitation des sens - la nudité, les cheveux, la bouteille effleurée devant la poitrine - la représentation d'un univers idéal : - signes du luxe et de la richesse (l'or : couleur, sonorités), de la distinction (Paris, absolu, la posture), de la beauté (retouches Photoshop pour correspondre à des "canons") - la mise en scène du désir pour l'objet : - j'adore, l'objet touché - la transformation de l'individu grâce à l'objet : - ambivalence du "Je" dans J'adore, Le féminin absolu, forme du parfum // femme (avoir le parfum : être comme cette femme) : mythe de Midas inversé (en touchant le parfum, je deviens quelqu'un d'autre : je me transforme) Autres procédés possibles : - valorisation du nouveau par rapport à l'ancien (désir d'avoir) - affirmation d'une identité particulière ou identification à un groupe (désir d'être)
Analyse de différentes formes de manque : - Manque ressenti directement dans le corps - Manque par comparaison, produit par l'esprit - Comparaison avec un modèle idéal - Comparaison avec les autres Plus profondément le désir n'est-il pas l'expression d'un manque d'être ? Le désir : manque existentiel
1ère étape : Le désir est frustration 2e étape : Cette frustration ne cesse pas, c'est un “supplice éternel” Donc : le désir est une souffrance perpétuelle
Ambiguïté de la formule “le sujet du vouloir” 1. Désigne la personne qui veut, qui a des préférences personnelles, qui exprime son identité, ce qu'elle est 2. Désigne la personne assujettie à ses désirs, esclave de ses désirs
Trois exemples : 1. La société de consommation (court métrage Happiness) 2. Fortnite 3. Snapchat
https://youtu.be/uUlJarbHrMU?t=493
https://youtu.be/uUlJarbHrMU?t=2353
Extrait 1 : Noter au tableau les termes (en anglais) à définir Qu'est-ce qui fait que les individus qui jouent à Fortnite vont avoir envie de rejouer ? Extrait 2 : Qu'est-ce que l'économie de l'attention ? Comment les entreprises procèdent-elles pour capter l'attention des individus ? Le succès du jeu Fortnite provient en partie de l'utilisation de techniques de rétention qui cherchent à retenir les personnes qui jouent dans le jeu, et à leur donner envie de jouer toujours plus. Exemples : systèmes de mission, d'objectifs, de customisation du jeu, de variantes (random, campagnes …) Fortnite s'inscrit dans une économie de l'attention où l'enjeu économique est de capter l'attention des individus, par le biais de techniques fondées sur la connaissance de la psychologie humaine. Exemples : L'auto-play -> tendance à en rester à l'option par défaut (= le biais de statu quo) Les likes -> Besoin de reconnaissance sociale
Sur quels principes psychologiques repose l'application Snapchat ? Effet Ikea Principe du don / contre-don Désinhibition Aversion à la perte
La recherche du plaisir ne nous conduit pas nécessairement à désirer toujours plus
Épicure défend une forme d'hédonisme
Exemples : ascétisme religieux : abstinence sexuelle, pratiques de mortification du corps, histoire d'Origène qui se serait lui-même castré / ascétisme sportif Il ne s'agit pas de rendre la recherche du plaisir coupable, mais simplement de faire preuve de réflexion en vue de son propre bonheur
Mais : y a-t-il une nature humaine universelle ? La nature peut-elle être un modèle qui fixe des normes à notre existence ?