Première partie
« [D]ès notre naissance, l’entourage fait pénétrer en nous, par mille démarches conscientes et inconscientes, un système complexe de références consistant en jugements de valeur, motivations, centres d’intérêt […]. »
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire
Chaque société transmet, explicitement (inculcation) et implicitement (imprégnation), des valeurs et des normes.
Nous avons ainsi tendance à penser le bien et le mal d'après ce code moral qui a façonné nos croyances.
C'est une forme d'ethnocentrisme.
L'ethnocentrisme, au sens faible, désigne le fait de percevoir les choses à travers le filtre de notre propre culture
Un exemple dans la série Six Feet Under :
différentes manières d'exprimer le deuil
« Un jour Darius, ayant appelé près de lui des Grecs […] leur demanda pour quelle somme ils pourraient se résoudre à se nourrir des corps morts de leurs pères. Tous répondirent qu'ils ne le feraient jamais, quelque argent qu'on pût leur donner. Il fit venir ensuite les Calaties, peuples des Indes, qui mangent leurs pères ; il leur demanda […] quelle somme d'argent pourrait les engager à brûler leurs pères après leur mort. Les Indiens, se récriant à cette question, le prièrent de ne leur pas tenir un langage si odieux : tant la coutume a de force. »
Hérodote, Histoire, III, 38
Au sens descriptif, le relativisme culturel soutient que nous avons une tendance à l'ethnocentrisme au sens faible et que les croyances morales sont ainsi différentes selon la culture.
Au sens normatif, le relativisme culturel soutient qu'il n'y a pas de vérité morale universelle et que penser le contraire est une forme d'ethnocentrisme au sens fort
« L’attitude la plus ancienne […] consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles, morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. “Habitudes de sauvages”, “cela n’est pas de chez nous”, “on ne devrait pas permettre cela”, etc. »
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire
L'ethnocentrisme au sens fort désigne une hiérarchisation des cultures qui repose sur une survalorisation de sa culture (“nous, les civilisés”) et une infériorisation des autres cultures (“eux, les barbares”).
« [C]hacun appelle barbarie ce qui ne fait pas partie de ses usages. Car il est vrai que nous n’avons pas d’autres critères pour la vérité et la raison que les exemples que nous observons et les idées et les usages qui ont cours dans le pays où nous vivons. C’est là que se trouve, pensons-nous, la religion parfaite, le gouvernement parfait, l’usage parfait et incomparable pour toutes choses. »
Montaigne, Essais, I, 30
Croire qu'il existe des vérités en morale, c'est souvent croire en la supériorité de sa propre culture.
Cela peut nous conduire à une forme d'intolérance qui n'est pas acceptable
Donc : il faut se méfier de la croyance en des vérités en morale.
Deuxième partie
Au sens descriptif, le risque du relativisme culturel est d'exagérer la diversité des croyances morales et de nous conduire à une conception stéréotypée, trop homogène et trop figée d'une culture.
Au sens normatif, le relativisme culturel se heurte à deux objections :
Exemple 1 : Les chats brûlés lors des feux de la St-Jean
Exemple 2 : Les hyènes du Malawi
Exemple 3 : Les mutilations génitales féminines (l'excision)
Exemple de l'endocannibalisme funéraire
On n'admet pas qu'on puisse penser et agir autrement que nous
En mai 1958 à Alger, des femmes européennes dévoilent publiquement des algériennes, recrutées par la contrainte pour participer à une manifestation de soutien à la France, et les forcent à retirer leur voile.
Reportage complet : https://www.youtube.com/watch?v=YYxb90Musk8 Dans certaines communautés du Malawi, malgré l’interdiction légale depuis 2003, subsiste encore un rituel de purification sexuelle (kusasa fumbi) : dès les premières règles d'une jeune fille, lors du décès d’un conjoint, ou pour construire une nouvelle maison, les familles malawites font appel à une “hyène” (un fisi). Ils paient un homme, dont c'est officieusement le “métier”, pour “purifier” le corps de leur fille ou de la femme par une relation sexuelle non consentie ni protégée.