T1/Q2 –
La mémoire
est-elle ce qui constitue le Moi ?

Cédric Eyssette (2022-2023)
https://eyssette.github.io/

I – La conception mémorielle de l'identité

Première partie

Différents types de mémoire

  1. Mémoire de travail
  2. Mémoire sensorielle et mémoire perceptive
  3. Mémoire sémantique
  4. Mémoire procédurale
  5. Mémoire épisodique

Une conception qui permet de mieux comprendre certains cas :

– les changements physiques
– les changements dans la manière d'être, le caractère, les croyances ou les valeurs
– l'amnésie ou la maladie d'Alzheimer
– les cas fictionnels de transfert d'une conscience dans un autre corps
– les fictions avec des personnes multiples dans un même corps
– les troubles dissociatifs de l'identité

Un problème : l'objection du brave officier, de Thomas Reid.

Cas similaire : la photo de soi à 2 ans (aucun souvenir de cette période).

Une solution : la continuité psychique (l'existence d'une chaîne de relations) plutôt que l'existence d'une connexion mémorielle directe.

II – 
Les problèmes
que posent la
conception
mémorielle

Deuxième partie

A. La conscience
de soi ne se réduit pas à la mémoire

Trois formes de conscience de soi (une distinction de Damasio) :

  1. la conscience de son corps (le proto‑soi) ;
  2. la conscience d'être la source de ses pensées et de ses actes (le soi central) ;
  3. la conscience de sa vie passée, de son identité présente, de ses désirs pour le futur (le soi autobiographique).

Le Soi autobiographique lui-même ne semble pas seulement reposer sur la mémoire.

Il intègre d'autres formes de connexions psychiques : notamment tout ce qui relève de notre caractère, de nos manières de réagir, de nos projets, de nos valeurs.

B. La mémoire ne produit-elle pas une illusion sur soi ?

La mémoire peut produire des faux-souvenirs.

Par conséquent, suis-je vraiment la personne que je crois être ?

Mind Field (Ep 8): Do You Know Yourself?

La mémoire est sélective.
– elle est partielle (je ne retiens pas tout)
– elle est partiale (je ne retiens que ce qui m'arrange)

La mémoire semble participer à la construction d'une image de soi ≠ représentation fidèle de la réalité

Exemple : construction d'une image de soi sur les réseaux sociaux (Instagram)

Plus précisément, la notion d'identité est en partie narrative : elle repose sur un récit que l'on fait à propos de soi, et ce récit n'est pas une garantie de vérité.

Notre identité réelle ne correspond pas toujours à la conscience que nous en avons.

Ce que nous sommes véritablement nous échappe en partie.

Locke : l'homme du jour et l'homme de la nuit

1/ conscience de son corps proprioception cas : membre-fantôme, O. Sacks : “la femme désincarnée”, “l'homme qui tombait de son lit”, “fantômes“. Animaux : test de Gallup cas : les athlètes (escalade) Locke ne parle pas du tout de cet aspect-là de la conscience de soi Locke laisse de côté la dimension corporelle de la conscience de soi. How the Body Shapes the Mind Shaun Gallagher "a primary, embodied sense of self" 2/ conscience d'être la source de ses pensées et de ses actes cf. cours sur le libre arbitre Cas : schizophrénie => semble correspondre à ce que dit Locke dans le 1er paragraphe 3/ soi autobiographique => semble correspondre au 2e paragraphe

Progression dans la connaissance de soi possible : grâce à autrui ? quête de soi ?

L'identité réelle déborde la conscience que nous en avons. On ne peut pas assimiler l'identité à la conscience. Ce que nous sommes véritablement échappe en partie à notre conscience. Question de la vérité, place du témoignage d'autrui ; récit de soi (identité narrative), image de soi : illusions sur soi Exemples dans la science-fiction : faux souvenirs Faut-il rejeter jusqu'à la notion même d'identité ? Science-fiction / Westworld, Blade Runner, Dark City … Shutter Island Conscience de soi : partielle et partiale. Ne pouvons-nous pas apprendre des autres des vérités sur nous-mêmes ?