Q2 -
Comment peut-on
parvenir à une
société plus juste ?

Cédric Eyssette
https://eyssette.github.io/

  1. Imaginons trois enfants et une flûte. Anne affirme que la flûte lui revient parce qu’elle est la seule qui sache en jouer. Bob parce qu’il est pauvre au point de n’avoir aucun jouet. Carla parce que c’est elle qui l’a fabriquée. À qui doit revenir la flûte ?
  2. Faut-il imposer un écart maximal entre les salaires les plus bas et les salaires les plus élevés ?
  3. Un joueur de foot qui gagne 120.000 euros par mois gagne beaucoup qu’une infirmière qui gagne au maximum 2500 euros par mois, est-ce justifié ?
  4. Faut-il abolir l’héritage ?
  5. Les personnes qui ont des revenus élevés devraient-elles payer plus d’impôts pour financer des services publics ?
  6. Faut-il baisser ou augmenter les impôts des entreprises ?
  7. Faut-il donner davantage de droits aux entreprises ou aux travailleurs ?
  8. Les entreprises devraient-elles être tenues de respecter des quotas quand elles embauchent pour éviter les discriminations ?
  9. Que peut-on faire pour lutter contre les violences sexistes faites aux femmes ?
  10. Que peut-on faire pour lutter contre le racisme ?

I – Le libéralisme économique

Première partie

Définition

= Une défense du libre-échange, de la liberté d'entreprise et des droits de propriété
⇒ Limitation de l'intervention de l'État dans l'économie

A. L'argument
de la liberté

  1. Il faut laisser faire les individus afin de préserver leur autonomie et ne pas tomber dans le paternalisme.
  2. Chaque individu a un droit de propriété sur ce qui est le fruit de son travail, de son investissement et de ses talents personnels.

Problèmes :

  1. L'État n'a-t-il pas le devoir de protéger les individus les plus vulnérables ?
  2. Peut-on vraiment justifier une accumulation des richesses sans limites ?
    • La réussite économique individuelle est-elle seulement attribuable à l'individu lui-même ?
    • L'impact social et écologique de l'accumulation des richesses ne justifie-t-il pas une réglementation ?

B. L'argument
de l'efficacité

  1. L'intervention de l'État est inefficace
    • Lourdeur et lenteur administrative de l'État ⇒ pas d'adaptation rapide
    • Contrôle centralisé des décisions ⇒ méconnaissance des situations locales
  2. La concurrence libre est le meilleur moyen d'obtenir un progrès général
    • Elle favorise l'initiative et l'innovation
    • Elle conduit à une autorégulation du marché (“la main invisible du marché”) et incite les acteurs économiques à répondre aux besoins des individus

Problèmes

  1. Une gestion collective est-elle nécessairement inefficace ?
  2. La concurrence libre conduit-elle vraiment à un progrès général qui bénéficie à tout le monde ?

II – Les théorie de
la justice sociale

Deuxième partie

« Ce n’est qu’en regardant du côté des approches qui s’emploient à unir redistribution et reconnaissance que les conditions nécessaires à une justice pour tous pourront être remplies. »

Nancy Fraser, Qu'est-ce que la justice sociale ?, chapitre 2

A. La redistribution

Un constat : l'existence des inégalités sociales et économiques de départ

Définition

Il y a un déterminisme social quand la trajectoire sociale d'un individu est fixée par son origine sociale (sa naissance dans un groupe social particulier).

Contre les inégalité socio-économiques de départ, une société juste doit garantir l'égalité des chances.

Définition

Il y a égalité formelle des chances quand les places sociales ne sont pas réservées à un groupe particulier mais ouvertes à tout le monde, et que la sélection se fonde sur les compétences des individus.

L'égalité formelle des chances est au fondement de ce qu'on appelle la méritocratie.

Définition

La méritocratie est un système dans lequel les individus sont sélectionnés et promus en fonction de leurs mérites et de leurs capacités, plutôt que de leur naissance ou de leur statut social

Rocky Balboa (2006)

La méritocratie suppose que la réussite est purement attribuable à l'individu. Pour véritablement lutter contre le déterminisme social, il faudrait garantir une égalité réelle des chances.

Définition

Il y a égalité réelle des chances quand on compense les inégalités de départ pour que chacun parte avec réellement les mêmes chances d'accéder aux différentes places sociales.

Cependant : même l'égalité réelle des chances peut conduire à de fortes inégalités à l'arrivée entre les différentes places sociales.

  • Ces inégalités sont-elles justifiées ?
  • Pourrait-on proposer un revenu horaire identique quel que soit le métier ?

Le plus souvent, les inégalités entre places sociales sont justifiées par :

  1. La difficulté, la pénibilité du travail
  2. Les compétences, le niveau de qualification
  3. Les efforts, l'investissement personnel
  4. L'utilité économique
  5. L'utilité sociale
  6. Les responsabilités

Mais :

  1. Si on accepte ces critères, comment les hiérarchiser ?
  2. Quelles inégalités ces critères justifient-ils ?

Différentes propositions

  1. Le suffisantisme : les inégalités entre les places sociales ne sont justifiées que si on garantit un niveau suffisant de ressources et de libertés réelles pour tout le monde.
  2. Rawls : les inégalités entre les places sociales ne sont justifiées que si elles sont nécessaires pour assurer un progrès social et améliorer la situation de tous et surtout des plus défavorisés.
  3. L'égalitarisme radical : les inégalités entre les places sociales ne sont pas justifiées, il faut les supprimer.

B. La reconnaissance

Un constat : l'existence d'une autre forme d'injustice = les injustices culturelles

Définition

  • Les injustices culturelles sont les injustices qui reposent sur des représentations sociales associées à un groupe particulier de personnes
  • Exemples : les injustices subies en raison de représentations sexistes, racistes, homophobes, transphobes …

Différentes formes :

  1. Domination culturelle
    • ⇒ invisibilisation, absence de représentation des minorités
  2. Mépris
    • Violence symbolique (dévalorisation, stigmatisation, stéréotypes infériorisants)
    • Marginalisation (mise à l'écart), discriminations
    • Violence physique

Par opposition, la reconnaissance est une forme de réaffirmation des minorités au niveau des représentations et dans leurs droits.

1) Laisser faire -> abandonner, délaisser 2) On pourrait aussi interroger la poursuite de l'accumulation des richesses d'un point de vue moral, éthique (cf. les critiques antiques de la richesse) vertu / vice moral

1/ Vouloir contrôler d'en haut les échanges économiques est voué à l'échec : il faut laisser faire les acteurs économiques sur le terrain. => critique de la bureaucratie, critique des réglementations => déréglementation 2/ La supériorité de la responsabilité individuelle et de l'autorégulation par le marché

2) L'égalité formelle des chances : les places sociales ne sont pas réservées à un groupe particulier, elles sont ouvertes à une concurrence libre entre individus, et fondées sur les compétences des individus. 3) L'égalité réelle des chances : on compense les inégalités de départ pour que chacun parte avec les mêmes chances réelles d'accéder aux différentes places sociales. 4) Les sociétés justes au sens de Rawls : il faut aussi égaliser les places sociales ; les différences entre les places sociales ne sont justes que si elles contribuent à améliorer la situation de tout le monde et surtout des plus défavorisés.

=> Lutte contre les discriminations concours anonyme Exemple : CV anonyme (testing / discriminations)

Exemple insuffisance de la méritocratie : classes prépa, sciences-po (égalité formelle, mais pas égalité réelle) Notion d'équité

Exemples : Pour le suffisantisme le revenu universel, revenu d'existence, revenu minimum garanti