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Le dilemme du tramway
I – La morale requiert
Première partie
« L'objet que nous nous proposons dans cet ouvrage, c'est de faire ressortir les rapports qui unissent l’intérêt au devoir dans toutes les choses de la vie […] [Q]u'est-ce que la vertu ? C'est ce qui contribue le plus au bonheur, ce qui maximise les plaisirs et minimise les peines. Le vice, au contraire, c'est ce qui diminue le bonheur et contribue au malheur. »
Bentham , Déontologie, ou Science de la morale , t.I
A. Une finalité
Il faut viser un maximum de bonheur et un minimum de souffrances pour le plus grand nombre
B. Une méthode
Il faut faire un calcul des conséquences de nos choix
1/ Ce calcul doit être le plus objectif possible
Il faut éviter d'être dogmatique
Il faut faire un examen empirique des conséquences
« [I]l est malheureux que les hommes abordent la discussion de questions importantes, déterminés d'avance sur la solution qu'ils leur donneront. On dirait qu'ils se sont préalablement engagés envers eux-mêmes à trouver bons certains actes, certains autres mauvais. Mais [il ne faut point admettre] ces décisions péremptoires. Avant de condamner un acte, il [faut] que son incompatibilité avec le bonheur des hommes soit démontrée. De telles investigations ne conviennent point à l'instructeur dogmatique. […] Pour soutenir son opinion, il fera de cette opinion un principe. « Je proclame que ces choses ne sont pas bien, dit-il avec une dose suffisante d'assurance, donc elles ne sont pas bien. » […] Que devient alors la tâche du moraliste ? Il peut mettre sous les yeux de celui qui l'interroge un aperçu des probabilités de l'avenir, plus exact et plus complet qu'il ne se serait offert à ses regards au milieu des influences du moment. »
Bentham , Déontologie, ou Science de la morale , t.I
« [P]our être véritablement utile, il faut [que le moraliste] aille à la découverte des conséquences qui doivent résulter d'une action donnée ; il faut qu'il les recueille le mieux qu'il le pourra […]. La valeur des peines et des plaisirs peut être estimée par leur intensité, leur durée, leur certitude, leur proximité et leur étendue. Leur intensité, leur durée, leur proximité et leur certitude regardent les individus. Leur étendue concerne le nombre des personnes placées sous leur influence. Ce que certaines de ces qualités ont en plus, peut contre-balancer ce que certaines autres ont en moins. »
Bentham , Déontologie, ou Science de la morale , t.I
Les politiques de réduction des risques liés aux drogues
L'homoparentalité
2/ Ce calcul doit être global
Il faut aussi prendre en compte les conséquences lointaines et indirectes, et les conséquences de ce que nous ne faisons pas
Il faut prendre en compte tous les êtres qui peuvent subir les conséquences de nos choix
La défense d'un devoir de donner de l'argent à des associations humanitaires efficaces
La critique de la production industrielle de viande
II – La morale requiert une réflexion sur les principes
Deuxième partie
→ Les morales déontologiques
Un exemple de morale déontologique : la philosophie morale de Kant
A. Un principe
Agir moralement, ce n'est pas agir par intérêt ou pour une satisfaction personnelle.
C'est agir par devoir.
Une précision :
Agir par devoir ≠ agir conformément au devoir .
Quelques exemples d'actions qui semblent morales, mais qui sont guidées par l'intérêt :
Être honnête pour garder ses clients
Agir par crainte du regard d'autrui, agir par crainte de la sanction
Agir par désir de reconnaissance sociale, agir pour avoir une bonne réputation
Agir comme Valmont, dans Les liaisons dangereuses (lettres 21 et 22 ), qui se donne l'apparence de la vertu pour séduire une femme sensible aux actions morales.
A. Une méthode
Il faut réfléchir à ce qui guide mon action.
⇒ La morale ne consiste pas à suivre une autorité extérieure qui me dit ce que je dois faire. Le devoir moral est une expression de notre autonomie .
⇒ La morale n'est pas une contrainte extérieure à notre liberté, mais une obligation que je reconnais intérieurement
1/ Ce qui guide mon action
Agir moralement ≠ se considérer comme une exception
= agir d'après une règle universalisable
Pour savoir ce qui est moral, il faut faire un test d'universalisation de notre action : si je fais le choix d'agir ainsi, alors puis-je accepter que tout le monde fasse comme moi ?
Exemple 1 : le mensonge
Exemple 2 : la tricherie à un examen
Le test d'universalisation ressemble en apparence à ce qu'on appelle la règle d'or en morale ("ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas qu'il te fasse").
Mais le test d'universalisation est plus général et repose davantage sur l'idée que la morale est une question de cohérence rationnelle.
2/ Ce qui guide mon action
Agir moralement ≠ traiter les autres comme de simples moyens
= respecter la dignité des autres
Un être humain est :
une personne, et non une chose
un sujet autonome, capable de faire des choix et non un objet qu'on utilise comme on veut
Dans le film Le Loup de Wall-Street , Jordan Belfort, un trader, téléphone à des personnes peu aisées qui veulent placer leurs maigres économies, et leur ment sur la valeur des actions qu'il leur propose (« I was selling them shit »). Ces personnes ne sont pour lui qu'un simple moyen de gagner plus d'argent : il les méprise et les considére comme de vulgaires bouseux. Vers la fin du film, quand sa femme lui annonce qu'elle veut divorcer, il ne la voit plus que comme un obstacle entre lui et ses enfants qu'il veut garder avec lui. Il devient violent jusqu'à la frapper dans l'estomac.
Dans le film Mesure d'urgence , un médecin kidnappe des personnes sans abri afin de faire des expérimentations médicales sur eux, dans le but de trouver un remède contre des maladies pour le moment incurables. Il affirme que la vie de ces individus n'a pas beaucoup de sens : leur mort était de toute façon prévisible ; autant faire en sorte qu'elle soit utile ! Un grand médecin a, selon lui, le courage d'outrepasser les règles ordinaires : il serait légitime de sacrifier quelques vies sans significations, si cela permet d'améliorer de manière importante la vie d'un grand nombre de personnes.
La notion de dignité désigne la valeur intrinsèque (en lui-même) de tout être humain.
Elle implique une égalité fondamentale de tous les êtres humains. La dignité ne dépend pas des talents personnels ou du statut social.
La dignité est inconditionnelle et absolue : aucun acte, aucune circonstance ne peuvent justifier de ne pas respecter la dignité d'autrui.
Exercice d'application
Choisir un sujet ci-dessous :
Peut-on fonder la morale sur la recherche du bonheur ?
Faut-il se fier à ses sentiments pour agir moralement ?
La morale peut-elle se passer d’un fondement religieux ?
En morale, y a-t-il des certitudes ?
Le progrès technique peut-il conduire à de nouveaux problèmes moraux ?
La conscience morale n’est-elle que le résultat de l’éducation ?
En politique, a-t-on le droit de sacrifier la morale à l’efficacité ?
Respecter autrui, est-ce respecter sa différence ?
Rédiger une sous-partie de dissertation (autour de 300 mots) il faut défendre une seule réponse, mobiliser le cours, et utiliser le modèle ARES
https://photos.google.com/share/AF1QipPPfbUkTBXiHp4v_f2w1s7rO70wTBpButb8zOzUDxWelwUJr5emIEucfTlt3yc7lA?key=djQzRTFJa05jNnR6Mk9FV09YcWdwVWhPbGNFWW53
https://docs.google.com/document/d/14JTNcMAKF95SZn66McfHrrX9kOgKRwjBJqPQQe_3tpA
https://ladigitale.dev/digiplay/#/v/637735a7702aa
Ajouter : expérimentation animale : les 3R
Ajouter : slide sur les limites des morales des conséquences :
1. Calcul complexe, difficile voire impossible
peut conduire à l'irrésolution, au scepticisme moral
2. Les personnes sont réduites à de simples paramètres dans un calcul global
question de la légitimité de sacrifice de certains au profit d'un bien global
Ajouter : dilemme du tramway ?
agir par devoir : c'est agir d'après un impératif catégorique
impératif hypothétique / impératif catégorique
greenwashing
donner de l'argent à des associations humanitaires pour payer moins d'impôts
morale hétéronome
l’autonomie ne signifie pas que chaque individu a sa morale propre et que chacun choisit les normes qu’il veut respecter en fonction de ses désirs, de ses préférences
Le devoir moral n’est pas relatif, il ne varie pas selon les individus et leurs préférences, il vaut de manière universelle
égoïsme, égocentrisme / moi je
Le "connard"
« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle » (ou également : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature »)
Pas un calcul complexe des conséquences comme dans le conséquentialisme
en commun : dépassement du point de vue de la première personne ; dépassement de l'égocentrisme
limites de la règle d'or :
- repose sur les désirs, les préférences de l'individu
- logique seulement interindividuelle (qu'il me fasse), logique de la réciprocité (et si c'était lui qui me le faisait)
pas une simple cohérence interne, mais une cohérence au sens large
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen »
Lien avec importance de la notion de consentement
un être qui a une valeur intrinsèque (en lui-même) et non pas une simple valeur instrumentale (pour faire quelque chose).
on retrouve ici le fait de ne pas se considérer comme une exception
Lien avec extrait de Mesure d'urgence : il n'y a pas des êtres qui valent moins que les autres
Notamment :
interdit de la torture
Lien avec extrait de Mesure d'urgence : le bénéfice de l'utilisation d'humains non consentants ne peut pas être considéré comme un argument
Permet de dépasser l'objection du sacrifice contre le conséquentialisme
+ limite : ambiguïté de la notion de dignité (faire schéma) ?
avec exemple du lancer de nain
Ne pas utiliser comme un simple moyen / ne pas traiter comme une chose
Respecter l'autonomie de la personne