I – À première vue, il est impossible de savoir ce qui est bien et ce qui est mal

Première partie

Deux arguments contre la possibilité d'une connaissance morale

A. On ne peut pas prouver objectivement la vérité d'un jugement moral

« Le vice vous échappe totalement, tant que vous considérez l'objet. Vous ne pouvez jamais le trouver avant d'orienter la réflexion vers votre propre cœur et de constater qu'un sentiment de désapprobation s'élève en vous contre cet acte. Voilà un fait : mais il est l'affaire de l'impression et pas de la raison. Il se trouve en vous-même, non dans l'objet. »

David Hume, Traité de la nature humaine, livre III, première partie, section I

  1. On ne peut pas prouver objectivement la vérité d'un jugement moral
  1. Un jugement moral n'est que l'expression d'un sentiment que nous ressentons en nous
  2. Un sentiment n'est qu'une impression subjective, et non l'expression d'une propriété objective, observable dans le monde extérieur, ou démontrable par un raisonnement
  3. On ne peut pas prouver objectivement la vérité d'un jugement moral

B. Le bien et le mal semblent être relatifs et varier selon chaque culture

C'est la thèse du relativisme moral culturel

1/ L'ethnocentrisme au sens faible

« [D]ès notre naissance, l’entourage fait pénétrer en nous, par mille démarches conscientes et inconscientes, un système complexe de références consistant en jugements de valeur, motivations, centres d’intérêt »

Claude Lévi-Strauss, Race et histoire

Schéma d'un argument

2/ L'ethnocentrisme au sens fort

« L’attitude la plus ancienne […] consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles, morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », « cela n’est pas de chez nous », « on ne devrait pas permettre cela », etc. »

Claude Lévi-Strauss, Race et histoire

« [C]hacun appelle barbarie ce qui ne fait pas partie de ses usages. Car il est vrai que nous n’avons pas d’autres critères pour la vérité et la raison que les exemples que nous observons et les idées et les usages qui ont cours dans le pays où nous vivons. C’est là que se trouve, pensons-nous, la religion parfaite, le gouvernement parfait, l’usage parfait et incomparable pour toutes choses. »

Montaigne, Essais, I, 30

Schéma d'un argument

En mai 1958 à Alger, des femmes européennes dévoilent publiquement des algériennes, recrutées par la contrainte pour participer à une manifestation de soutien à la France, et les forcent à retirer leur voile.

Dévoilement des femmes à Alger en 1958 : une photographie

Exercice d'argumentation et de mobilisation de sa culture

  • Choisir un sujet et rédiger l'équivalent d'une sous-partie (250-350 mots), de préférence avec le modèle ARES :
    Attention : il faut développer une seule réponse avec un seul argument, et mobiliser ses connaissances (concept, référence, exemple) sur le relativisme moral culturel
    • La morale n’est-elle qu’un ensemble de conventions ?
    • La conscience morale n’est-elle que le résultat de l’éducation ?
    • Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ?
    • Peut-on juger objectivement la valeur d’une culture ?
    • Puis-je sortir de ma culture ?
    • Suis-je ce que ma culture a fait de moi ?

Quels exemples peut-on donner de la relativité des croyances morales ?