III – Le déterminisme ne réfute pas
la liberté

Troisième partie

A. Il faut distinguer le déterminisme et le fatalisme

  • Qu'est-ce que le fatalisme ?

L'histoire d'Œdipe

« L'idée qui sort de ces contes, c'est la prédestination […] ; et cela s'exprime ainsi : la destinée de chacun est fixée quoi qu'il fasse. Ce qui n'est point scientifique du tout ; car ce fatalisme revient à dire : « Quelles que soient les causes, le même effet en résultera. » Or, nous savons que si la cause est autre, l'effet sera autre. »

Alain, Propos sur le bonheur, XXIV : Notre avenir, 28 août 1911

Déterminisme Fatalisme
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  1. Nous sommes impuissants face au destin
  2. Une démarche rationnelle, scientifique, d’explication du réel
  3. Une nécessité inconditionnelle : « de toute façon, ce qui doit arriver arrivera »
  4. Souvent une simple croyance très présente dans les récits populaires
  5. Une nécessité conditionnelle qui s’exprime sous la forme d’une loi de la nature : si on a cette cause, alors on a cet effet
  6. Nous devenons davantage capables d'agir sur le réel grâce à la connaissance des lois qui régissent le réel
Déterminisme Fatalisme
2 Une démarche rationnelle, scientifique, d’explication du réel 4 Souvent une simple croyance très présente dans les récits populaires
5 Une nécessité conditionnelle qui s’exprime sous la forme d’une loi de la nature : si on a cette cause, alors on a cet effet 3 Une nécessité inconditionnelle : « de toute façon, ce qui doit arriver arrivera »
6 Nous devenons davantage capables d'agir sur le réel grâce à la connaissance des lois qui régissent le réel 1 Nous sommes impuissants face
au destin

« [D]epuis que les sciences positives de la nature se sont constituées (et elles se sont constituées, elles aussi, en prenant pour base le postulat déterministe), que de changements n'avons-nous pas introduits dans l'univers ! Il en sera de même dans le règne social. […] [C]'est la sociologie qui, en découvrant les lois de la réalité sociale, nous permettra de diriger avec plus de réflexion que par le passé l'évolution historique ; car nous ne pouvons changer la nature, morale ou physique, qu'en nous conformant à ses lois. […] Les sciences, en même temps qu'elles proclament la nécessité des choses, nous mettent entre les mains les moyens de la dominer. »

Émile Durkheim, Sociologie et sciences sociales

B. La connaissance des déterminismes augmente notre liberté

« [L]a définition de la liberté à laquelle j’aboutis est celle d’une liberté relative : cela n’a pas de sens de dire que la volonté est absolument libre. Une forme d’action peut être dite plus libre qu’une autre, dans la mesure où elle a été sélectionnée dans un répertoire plus vaste […] [I]l faut [que l'individu] acquière toutes sortes de connaissances à la fois théoriques et pratiques pour commencer à se représenter des possibilités d’action, et pour les mettre en œuvre. […] Pour développer la liberté relative des agents, il faut accroître leurs capacités réflexives […]. La responsabilité commence […] avec une forme de conscience de soi […]. Cette forme de conscience, qui normalement devrait émerger en cours de scolarité, peut malheureusement échouer à le faire quand les conditions sociales et politiques ne sont pas favorables à l’apprentissage, ni, par conséquent, au développement des capacités autocritiques des apprenants. […] On peut bien sûr se modifier soi-même, du fait qu’on peut, comme dit Frankfurt, vouloir vouloir, c’est-à-dire devenir sensible aux valeurs dont on souhaite qu’elles régissent sa vie et ses choix. Mais il peut être nécessaire, pour cela, de faire appel à d’autres agents. Le cerveau est construit socialement : par l’école, par toutes sortes d’outils cognitifs externes, par la famille, par les associations, par les motivations les plus saillantes que transmet l’environnement. »

Joëlle Proust, « Entretien avec Joëlle Proust » (lien)

Schéma sur l'idée que la connaissance des déterminismes augmente notre liberté

Exercice d'argumentation et de mobilisation de sa culture

  • Choisir un sujet et rédiger l'équivalent d'une sous-partie (200 mots), de préférence avec le modèle ARES :
    Attention : il faut développer une seule réponse avec un seul argument, et mobiliser ses connaissances (concept, référence, exemple) sur la critique du relativisme culturel et les morales de la sensibilité
    • Est-on plus ou moins libre ?
    • Faut-il apprendre à être libre ?
    • L’idée d’une liberté totale a-t-elle un sens ?
    • Un être humain est-il responsable de tout ce qu'il fait ?
    • Toute contrainte est-elle un obstacle à ma liberté ?
    • L'explication scientifique des conduites humaines est-elle incompatible avec l'affirmation de la liberté ?

Travail sur un dossier de textes

Suite du travail sur le dossier de textes pour préparer la troisième partie

  • Refaire une lecture rapide de l'ensemble des textes (lien vers le dossier)
  • Répondre par écrit à la question générale : « Quelle est la position qui vous semble la plus convaincante ? Pourquoi ? »