I – Sommes-nous libres, au sens de
la liberté d'action ?

Première partie

Cette partie est peu développée, car la question de l'étendue et des limites de la liberté d'action relève plutôt du domaine de la philosophie sociale et politique, que nous verrons en séquence 4.

A. Nous sommes libres, dans la mesure où il n'y a pas d'obstacles qui nous empêchent d'agir conformément à nos choix

C'est ce qu'on appelle la “liberté négative”

« Les mots de LIBERTY ou de FREEDOM désignent proprement l’absence d’opposition (j’entends par opposition les obstacles extérieurs au mouvement) […] C’est ainsi qu’on a coutume de dire des créatures vivantes, lorsqu’elles sont emprisonnées ou retenues par des murs ou des chaînes […] [qu'elles] n’ont pas la liberté de se mouvoir […] Cependant, quand l’obstacle au mouvement réside dans la constitution de la chose elle-même, on a coutume de dire qu’il lui manque, non pas la liberté, mais le pouvoir de se mouvoir : c’est le cas lorsqu’une pierre gît immobile ou qu’un homme est cloué au lit par la maladie. »

Thomas Hobbes, Léviathan, livre II, chapitre XXI)

B. Nous sommes libres, dans la mesure où nous avons la capacité d'agir conformément à nos choix

C'est ce qu'on appelle la “liberté réelle”

« Pour que j’aie la liberté de faire ce que je veux de ma vie […], il ne suffit […] pas que j’aie le droit de faire cela […]. Il faut encore que j’aie le pouvoir de le faire, du fait que j’ai accès à suffisamment de ressources pour pouvoir effectivement réaliser ce que je désire. Car à quoi sert-il d’avoir le droit de partir en vacances, par exemple, si je n’ai pas les moyens d’en prendre ? Pour user d’une distinction souvent utilisée dans la critique du libéralisme, la liberté à laquelle il est important de faire une place est la liberté réelle de mener sa vie à sa guise, pas seulement la liberté formelle de le faire. »

Philippe Van Parijs, Qu’est-ce qu’une société juste ?, Le Seuil, 1991, p.187)

Une explication de l'approche par les capabilités d'Amartya Sen : « nous pouvons distinguer trois types de facteurs de conversion :
les facteurs de conversion individuels qui désignent les caractéristiques, capacités ou compétences individuelles. Dans notre exemple, il s’agit de toutes les dimensions pouvant influer sur la capacité d’aller à vélo (la personne est-elle affectée par des problèmes physiques qui lui interdisent la pratique du vélo ? sait-elle utiliser un vélo ? etc.). […] ;
– les facteurs de conversion sociaux qui désignent le contexte sociopolitique et culturel dans lequel la personne évolue […]. De manière plus générale, est ici visée la capacité des normes sociales à favoriser ou entraver la réalisation des droits formels ;
les facteurs de conversion environnementaux, dans notre cas les infrastructures routières ou pistes cyclables à disposition, doivent également être pris en compte. En l’absence de telles infrastructures, le détenteur d’un vélo, même parfaitement capable de l’utiliser et autorisé à le faire, est privé du droit réel à la mobilité.
En l’absence de facteurs de conversion adéquats, les ressources ne peuvent se traduire en libertés réelles et les droits demeurent formels. »

Bonvin et Farvaque, « L’accès à l’emploi au prisme des capabilités, enjeux théoriques et méthodologiques », Formation emploi, 98 | 2007

Focus sur l'exemple utilisé Questions intéressantes : - statut des autres : obstacles ou condition ? - statut des lois : obstacles ou condition ? - élargissent des obstacles aux interférences négatives - focalisation seulement sur les obstacles mis en place par des êtres humains (interférences) ? - prise en compte des obstacles intérieurs => B.

Focus sur l'exemple utilisé Discussion sur la mobilité des élèves en campagne ? Amartyan Sen : pas seulement les ressources, mais les capabilités et du coup : les facteurs de conversion des ressources en capabilités. Exemple du vélo.