« La liberté de l'homme dans la société, c'est […] de n'être assujetti à aucune domination, à aucune volonté, ni à aucune loi hormis celle qu'édicte le pouvoir législatif, conformément à la mission qui lui a été confiée. La liberté n'est donc pas […] une liberté pour tout un chacun de faire tout ce qui lui plaît, de vivre comme il l'entend, et de n'être lié par aucune loi. […] [L]a liberté des hommes soumis à un gouvernement, c'est d'avoir une règle stable à laquelle se conformer, qui soit commune à tous les membres de cette société, et créée par le pouvoir législatif qui y a été établi ; une liberté de suivre ma propre volonté dans toutes les choses où la règle ne prescrit rien ; de n'être pas assujetti à la volonté inconstante, incertaine et arbitraire d'un autre homme. »
John Locke, Second traité du gouvernement, chapitre 4, §22
« Les droits économiques sont ceux qui sont liés au statut de travailleur (par exemple, la liberté syndicale, le droit de grève, le droit à une rémunération équitable et décente, la sécurité et l’hygiène au travail, le droit au repos, aux congés payés, et la limitation raisonnable de la durée du travail). Les droits sociaux sont ceux qui ont vocation à satisfaire les besoins les plus élémentaires de la population (le droit à un niveau de vie suffisant pour soi et sa famille, y compris de disposer de nourriture, de vêtements et d’un logement, le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale), et visent plus particulièrement les plus démunis. »
Magali Lafourcade, Les droits de l'Homme. PUF, 2018, chap. III “De l’enrichissement des droits de l’Homme”
Deuxième partie
Quatre arguments principaux du libéralisme économique à discuter :
Deux objections importantes :
Une hiérarchie entre quatre modèles de société :
Troisième partie
Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l'histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.
Eté 1984 - Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de leur marche à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs. Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide. Le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d'un minibus pour aller remettre l'argent aux ouvriers en mains propres. Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés qui s’unissent pour défendre la même cause.
« Dans ce texte j’offre quelques explications du concept d’oppression comme je l’entends dans son usage par les nouveaux mouvements sociaux aux États-Unis depuis les années 1960. Le point de départ de ma réflexion sont les conditions des groupes qui, à travers ces mouvements se disent opprimés : entre autres les femmes, les Noir⋅es, les Chicanos, les Portoricains et autres Hispanophones américains, amérindien⋅nes, Juif⋅ves, lesbiennes, gays, arabes, asiatiques, personnes âgées, classe ouvrière, et les personnes handicapées physiques et mentales. Je vise à systématiser la signification du concept d’oppression tel qu’il est utilisé par ces divers mouvements politiques […] Évidemment les groupes nommés ci-dessus ne sont pas opprimés dans la même mesure et de la même manière. Dans le cas le plus général, toutes les personnes opprimées souffrent d’une restriction (inhibition) de leur capacité à développer ou exercer leurs capacités et à exprimer leurs besoins, leurs pensées, et leurs sentiments. Dans ce sens abstrait toutes les personnes opprimées font face à une condition commune. Derrière cela, dans un sens plus spécifique, il n’est pas possible de définir un ensemble unique de critères qui décrit les conditions d’oppression des groupes cités. […] Le contexte dans lequel les membres de ces groupes utilisent le terme « oppression » pour décrire les injustices de leurs situations suggère que l’oppression désigne en fait une famille de concepts et de conditions, que j’ai divisé en cinq catégories : exploitation, marginalisation, impuissance, impérialisme culturel et violence. »
Iris Marion Young, Justice and the Politics of Difference, Chap. 2 : Five Faces of Oppression
« Le paradigme de la redistribution met l’accent sur les injustices qu’il considère comme socio-économiques et qu’il présume être le produit de l’économie politique : l’exploitation, l’exclusion économique et le dénuement. Le paradigme de la reconnaissance, pour sa part, cible plutôt les injustices qu’il considère comme culturelles, et qu’il présume être le produit des modèles sociaux de représentation, d’interprétation et de communication : la domination culturelle, le déni de reconnaissance et le mépris. […] Les deux paradigmes proposent des remèdes à l’injustice qui divergent aussi considérablement. Au sein du paradigme de la redistribution, le remède est la restructuration économique. Cela peut impliquer la redistribution des revenus, la réorganisation de la division du travail ou la transformation des autres structures économiques fondamentales. […] Au sein du paradigme de la reconnaissance, en revanche, le remède à l’injustice est le changement symbolique ou culturel. Cela peut impliquer la revalorisation des identités méprisées, la valorisation de la diversité culturelle, ou la transformation complète des modèles sociaux de représentation, d’interprétation et de communication […]. »
Nancy Fraser, Qu'est-ce que la justice sociale ?, Chapitre 2
Distinguer la justice comme institution et la justice comme idéal
Distinguer légal / légitime
droits-résistance / libéralisme politique / liberté ≠ licence / liberté comme non-domination
Distinguer La défense des droits humains s'inscrit dans un changement de modèle du pouvoir. Auparavant (…) le pouvoir s'exerçait de manière absolue (les monarchies absolues). Le pouvoir appartenait à un roi, une dynastie. La finalité du pouvoir n'était que l'extension de la domination du roi sur son empire. La loi n'était que l'expression de la volonté arbitraire du roi. Locke s'oppose à ce modèle : le pouvoir n'existe que par le consentement des individus. Le pouvoir n'est pas absolu, car il doit accomplir une mission, qui est de défendre les droits des individus. La loi n'est pas l'expression d'une domination, mais la garantie de notre liberté. Le pouvoir n'est justifié que s'il accomplit cette mission. Si ce n'est pas le cas, les citoyens ont un droit de résistance à l'oppression, et un droit de désobéissance civile. La dés. civ., ce n'est pas le fait de désobéir à une loi par simple intérêt personnel ; c'est désobéir pour des raisons de justice, de bien commun, c'est chercher, au sein d'un groupe, à montrer le caractère injuste d'une loi ou d'une situation, quand on n'a pas ou plus d'autre moyen d'expression de son opposition.
Nous avons commencé la deuxième partie, en nous intéressant à la question des inégalités économiques et sociales. Le débat est ici principalement entre le libéralisme économique et la théorie de la justice de Rawls. Pour le libéralisme économique, il faut réduire au maximum l'intervention de l'Etat afin de laisser faire les individus. Voici les 4 arguments principaux du libéralisme économique : 1/ Il faut préserver l'autonomie des individus, ne pas agir à leur place : l'Etat doit être réduit au minimum, afin de ne pas tomber dans le paternalisme ; 2/ L'intervention de l'Etat serait inefficace : l'Etat n'aurait pas la connaissance des situations locales, ne pourrait pas s'adapter rapidement, et ce type d'intervention n'inciterait pas les individus ou les entreprises à trouver de nouvelles solutions ; 3/ La concurrence libre serait le meilleur moyen d'obtenir un progrès économique général, qui bénéficie à tout le monde ; 4/ La concurrence libre permet d'abolir les privilèges de statut et les inégalités qui reposent sur des hiérarchies traditionnelles instituées. Nous avons simplement commencé un travail sur la théorie de la justice de Rawls. On peut reconnaître certes qu'il y a un progrès dans le passage d'une société de castes, où les places sociales sont simplement fixées par la naissance, au libéralisme économique, où les places sociales sont censées être l'effet de la concurrence libre entre individus, et acquises simplement grâce à la réussite des individus. Mais : est-ce vraiment suffisant ? Tout le monde est-il vraiment sur la même ligne de départ ? Et peut-on vraiment dire, sans autre précision, que ceux qui ont réussi ont mérité d'avoir davantage, et que ceux qui n'ont pas réussi méritent une position moins avantageuse ?