En vue de la constitution d’un outil d’aide à l’évaluation d’une copie de philosophie, voici une tentative de constitution d’une liste de conseils possibles que l’on pourrait donner à un·e élève en fonction des erreurs les plus fréquentes. L’idée étant de choisir un maximum de 3-4 conseils pour chaque copie.
Ta copie n’est pas assez développée. Bien sûr, ce n’est pas juste le nombre de mots au total qui compte, mais il faut que tu arrives à apporter davantage de contenu. Attention, si ta copie est trop courte, tu ne peux pas espérer une note correcte et tu risques une note très mauvaise. Comment faire pour développer ? – Pose-toi régulièrement la question « Qu’est-ce que cela veut dire ? » : définis précisément les notions que tu utilises à l’aide de concepts, de distinctions conceptuelles. Utilise des exemples comme support pour faire ton analyse. – Demande-toi : « Qu’est-ce qui me permet de dire cela ? ». Vérifie si ton idée est justifiée, trouve des arguments pour. Comment pourrais-tu convaincre quelqu’un qui ne serait pas d’accord avec toi ? – Interroge-toi : « Est-ce vraiment si simple ? ». Essaie de trouver des objections, des critiques, des limites. Est-ce qu’on ne peut pas penser autrement, voir les choses différemment ? Pour quelles raisons ? Quels sont les problèmes qui peuvent se poser ? Quels sont les enjeux (cf. VELIBs) ?
Tu ne dois pas faire du plagiat. Tu dois être l’auteur de ton devoir et ta copie doit être le reflet de ton travail, pas de celui d’un autre. Tu as le droit d’exploiter toutes les ressources que tu veux lors de ton travail au brouillon sur le sujet, mais au moment de la rédaction, il faut laisser tout ce travail de côté afin de te forcer à rédiger par toi-même. Et surtout, ne te réfugie pas dans la pensée des autres, ose penser par toi-même !
Tu as tendance à reprendre le cours plutôt qu’à réfléchir directement à partir du sujet lui-même. Ta copie est ainsi en un sens « prisonnière » du cours et tu te laisses trop embarquer dans les rails du cours. Attention donc à la manière dont tu fais usage du cours : il ne faut jamais plaquer le cours sur le sujet, jamais simplement “balancer” tes connaissances, tu dois véritablement t’approprier le cours (le « digérer »), sélectionner ce qui est pertinent pour le sujet, et surtout principalement réfléchir à partir du sujet lui-même.
Tu dois écrire une ligne sur deux, sinon il est très difficile de te lire. Non seulement ce n’est pas agréable pour le correcteur, mais la compréhension de tes idées devient alors plus compliquée. Fais attention à cela.
Tu dois faire attention à la lisibilité de ton écriture. Aie le souci de ton lecteur, qui doit pouvoir lire de manière fluide ton texte, sans avoir à faire des efforts pour le déchiffrer. Les problèmes de lisibilité rendent la compréhension plus difficile, soigne donc ton écriture.
La première chose que l’on regarde dans une copie, c’est sa structure générale : est-ce qu’il y a bien une introduction, un développement (en combien de parties ?), une conclusion ? Par conséquent, cette structure doit être apparente de manière très claire, au premier regard. Pour cela, il faut sauter une ou deux lignes entre l’introduction et le développement, entre chaque partie dans le développement, entre le développement et la conclusion. Mais il ne faut pas sauter de lignes à l’intérieur de l’introduction, d’une partie ou de la conclusion : il faut simplement aller à la ligne et faire un alinéa à chaque fois, afin de bien distinguer les différents paragraphes de ton texte.
Un devoir de philosophie est d’abord un écrit qu’on adresse à un lecteur. Il faut présenter un devoir correctement écrit, afin de rendre la lecture fluide et de faciliter la compréhension de tes idées. Cela implique de faire très attention à l’orthographe et à la syntaxe. Pour l’orthographe : lors de la rédaction du devoir, il faut être attentif aux fautes que tu as tendance à faire et il faut consacrer une relecture finale à l’examen minutieux des fautes qui peuvent rester dans ton devoir. Pour éviter les erreurs de syntaxe : évite les phrases trop longues, garde une structure simple (sujet / verbe / complément), évite les phrases trop complexes avec des subordonnées, fais attention aux mots de liaison (choisis-les bien en vérifiant le sens de ce que tu veux dire).
Il faut souligner les titres des œuvres (livres, films …) quand tu écris à la main un devoir (sur ordinateur, il faut utiliser les italiques).
Il est possible d’utiliser le “je” dans une dissertation, mais il faut faire attention car le risque est de dévier vers un simple récit personnel ou bien la simple expression de ses opinions. Faire une dissertation ce n’est pas raconter ce qu’on pense, c’est avant tout faire un travail d’analyse conceptuelle rigoureux et un examen le plus objectif possible des arguments et des objections possibles. Il est donc davantage recommandé d’utiliser des formules impersonnelles ou bien le “nous” sauf si l’on arrive à faire un usage du “je” qui ne tombe pas dans les écueils indiqués ci-dessus.
Idées d’exercice
On pourrait imaginer des exercices de repérage de bons plans / mauvais plans, ou bien d’analyse de l’erreur dans un plan, une partie ou un paragraphe de sous-partie.
- Remise en ordre des parties dans une partie / remise en ordre des éléments constitutifs d’un paragraphe.
- Classement de titres de sous-parties qu’il faut remettre dans la bonne partie ;
- Choix entre plusieurs transitions logiques pour comprendre ce qui a permis de passer d’une partie ou d’une sous-partie à une autre.
Attention, chaque partie doit avoir une unité et doit être structurée par UNE idée directrice forte qui la soutient. On doit sentir que toutes les sous-parties sont intégrées dans une même dynamique qui conduit vers une réponse précise et claire à la question posée. – L’idée directrice doit être une réponse précise à la question posée et chaque sous-partie doit être un argument en faveur de cette idée directrice. – Il faut éviter de mélanger des perspectives trop différentes ou opposées dans une même partie. – Il faut toujours bien souligner le fil conducteur qui mène d’une idée à une autre, en faisant une transition entre chaque sous-partie.
De manière générale, dans une dissertation, le plan doit respecter les contraintes suivantes :
(a) Chaque partie doit être l’examen d’une réponse à la question posée.
(b) Il doit y avoir une progression logique d’une partie à une autre.
(c) Dans chaque partie, il doit y avoir une organisation logique des sous-parties.
(d) Le plan dans l’ensemble doit permettre de traiter le sujet de manière pertinente et ne doit pas évacuer des enjeux importants de la question posée.
Pour respecter ces exigences, il faut avant tout bien prendre le temps de travailler ton plan au brouillon.
Pour bien saisir le plan d’un texte, tu peux t’aider de certains marqueurs dans le texte (paragraphes, mots de liaison et vocabulaire de l’argumentation), mais il va surtout falloir retrouver l’organisation logique du texte, ce qui implique d’essayer de retrouver dans le texte des étapes dans une argumentation, dont l’enchaînement doit être le plus logique, le plus clair possible. Essaie de voir ce que fait l’auteur dans chaque partie et dans quel but.
Il faut parvenir à expliquer le plan du texte de manière précise. Cela suppose bien sûr de comprendre le contenu précis de chaque partie du texte, mais il faut aussi bien dégager les articulations logiques du texte et expliquer le lien qui permet de passer d’une idée à une autre. Ce travail doit être fait au brouillon et doit apparaître explicitement lors de la rédaction du devoir : pour chaque partie, il faut identifier ce que fait l’auteur, le rôle argumentatif de cette partie et rédiger une transition qui permet de passer à la partie suivante (de préférence sous la forme d’une question). Idéalement, on essaie aussi de dégager des sous-parties et des transitions entre sous-parties à l’intérieur de chaque partie.
Tu ne dois pas passer trop rapidement d’une idée à une autre, sans lien logique. Il faut organiser tes idées au brouillon, construire un plan. Chaque idée intéressante doit être approfondie au lieu d’être vaguement évoquée et expédiée en quelques lignes. Et tu dois suivre un fil conducteur, rédiger une transition entre chaque idée, en soulignant bien le lien logique qui te mène d’une idée à une autre.
Idées d’exercice
- (Dissertation) Mettre des titres de partie et retrouver les parties qui sont des réponses au sujet
- Exercice de repérage, parmi plusieurs reformulations d’un sujet, de l’erreur correspondante (hors sujet total / sujet réduit à l’une de ses dimensions seulement / un des termes du sujet est oublié)
- Repérer dans un paragraphe rédigé où l’extrait fait le lien avec le sujet
Dans une dissertation, une question est posée, et le but est d’essayer d’y répondre. Il ne faut donc jamais oublier en cours de route le lien avec le sujet (LS), ce que notre esprit a souvent tendance à faire. Il s’agit ainsi d’un exercice d’attention. – Il faut bien vérifier au brouillon que chaque partie consiste en l’examen d’une réponse précise à la question. On relit la question du sujet, on relit le titre de sa partie et on vérifie qu’on a une réponse. – Le bilan en fin de partie doit bien formuler explicitement la réponse en indiquant précisément quel sens on a donné aux notions constitutives du sujet (Si NOTION1 signifie …… et si NOTION2 signifie …, alors REPONSE). – Dans chaque sous-partie aussi, il ne faut pas oublier le lien avec le sujet, et il faut bien montrer comment son analyse permet de justifier la réponse examinée dans sa partie.
Il est important de ne pas faire de contresens sur la signification du sujet et de ne pas transformer la question posée en une autre question. Chaque sujet a sa spécificité et on ne doit pas plaquer sur le sujet à traiter un sujet différent (notamment : un sujet déjà connu ou plus simple). – Il faut être attentif aux termes spécifiques qui constituent le sujet. – Il faut se méfier des sujets qui nous semblent faciles, des sujets qu’on a l’impression d’avoir déjà traité. – Dans chaque partie et chaque sous-partie, au brouillon et lors de la rédaction, on vérifie qu’on n’est pas en train de dévier vers un autre sujet.
Il ne faut pas « survoler » le texte. Tu dois faire une analyse très progressive du texte. Il faut commencer à la première ligne, aux premiers mots, puis avancer pas à pas jusqu’à la fin du texte, sans sauter de passage, et en t’arrêtant régulièrement sur des points précis, ciblés du texte (qu’il faut alors citer, en en restant à des citations courtes). Sur chacun de ces points ciblés, il s’agit de développer ton analyse, et ne pas aller trop vite à la suite. Il faut prendre le temps d’enrichir ta réflexion avec du contenu précis.
L’une des difficultés du texte est qu’il ne faut parvenir à ne pas tomber dans des contresens sur le texte. – Il faut tout d’abord bien lire le texte, faire attention à la syntaxe (les négations, les interrogations, les expressions qui introduisent une idée, un raisonnement …), faire attention aux détails, ne pas oublier de passage. – Si on propose une définition d’un terme, une explication d’une idée : y a-t-il des éléments dans le texte qui justifient cette analyse ? Attention, l’auteur utilise peut-être les termes avec un sens différent du sens ordinaire ou du sens vu en cours. L’interprétation doit coller avec le texte, elle doit être cohérente avec ce que dit le texte. Il faut bien regarder quel lien précis l’auteur fait, dans le texte, entre les notions, au lieu de tomber dans des généralités qui s’éloignent du sens du texte.
On doit vérifier le lien de son propos avec le texte : s’agit-il toujours d’une explication DU TEXTE ? Est-ce que le propos permet de mieux comprendre le texte ? – Il ne faut pas que le texte devienne un simple prétexte pour parler d’autre chose et notamment pour « balancer » son cours ou des idées sans rapport avec le texte. On vérifie et on montre bien, explicitement, dans son devoir ce que son analyse apporte à la compréhension du texte. – On ne se laisse pas dériver vers des idées, des discussions qui ne sont pas dans le texte. On pense à revenir souvent au texte, notamment par le biais de citations courtes, ciblées.
Idées d’exercice
- Exercices sur la problématisation en dissertation : repérage de l’erreur dans des extraits d’introduction (R1 mais pas R2 / R1 justifié mais pas R2 / justification pas convaincante / …)
- Repérage d’erreurs sur la formulation de la thèse dans l’explication de texte : la thèse est réduite à une notion / la thèse est identifiée à une question / la thèse est identifiée à une simple “citation du texte” / la thèse est formulée de manière très confuse ou trop technique
- Faire distinguer l’idée principale / l’idée secondaire ou la thèse / l’argument
- Exercice sur le plan d’un texte : extraits rédigés avec plusieurs erreurs possibles (à reconnaître) : pas de numéros de ligne, plan formel sans contenu, plan avec contenu mais sans lien logique entre les parties (juxtaposition).
Dans l’introduction, il faut analyser le sujet. Il ne s’agit pas de définir pour définir, mais de faire un premier travail sur le sens des notions importantes du sujet afin de montrer que ce sujet pose problème. L’analyse doit être au service de la problématique : il faut que l’analyse serve à répondre à la question posée, et plus précisément, à montrer qu’il y a deux réponses possibles opposées à la question qui semblent à première vue tout autant justifiées.
C’est bien d’analyser le sujet en introduction, mais l’analyse doit être au service de la problématique. Il ne s’agit pas de définir pour définir, mais de faire un premier travail sur le sens des notions importantes du sujet afin de montrer que ce sujet pose problème. L’analyse ne doit pas être déconnectée du sujet : il faut que l’analyse serve à répondre à la question posée, et plus précisément, à montrer qu’il y a deux réponses possibles opposées à la question qui semblent à première vue tout autant justifiées.
Il faut dégager une problématique dans l’introduction. C’est un moment très important dans une dissertation. Il s’agit avant tout de réfléchir à la question posée et de montrer que cette question pose problème : ce n’est pas une question si simple, à laquelle on sait répondre facilement. Pour montrer qu’une question est problématique, il y a plusieurs possibilités, mais le mieux est de suivre la méthode suivante. – Commence directement par analyser la notion centrale du sujet, donne une définition concise de cette notion et utilise cette définition pour donner une première réponse [R1] à la question posée ; développe un tout petit peu cette réponse afin de montrer qu’il s’agit d’une réponse acceptable et apparemment convaincante. – Ensuite, montre que ce n’est pas si simple, soit en formulant une critique de cette réponse, soit en formulant une réponse opposée [R2] que tu développes un peu et que tu justifies elle aussi afin de montrer qu’elle semble tout autant convaincante. – Formule ensuite de manière directe la problématique, en synthétisant la tension entre les deux idées que tu viens de développer, sous la forme d’une alternative : « En définitive, le problème peut se poser ainsi : R1 ou bien R2 ? ». Essaie d’utiliser une distinction conceptuelle pour rendre bien nette l’opposition entre les deux idées. Comme ces remarques peuvent apparaître abstraites formulées ainsi, revois bien la méthodologie de la dissertation et les exemples vus en cours. Il est très important que tu saches dégager une problématique et sur ce point ce n’est qu’une question de méthode : entraîne-toi !
Il faut dégager une problématique dans l’introduction. C’est un moment très important dans une dissertation. Il s’agit avant tout de réfléchir à la question posée et de montrer que cette question pose problème : ce n’est pas une question si simple, à laquelle on sait répondre facilement. Pour montrer qu’une question est problématique, il y a plusieurs possibilités, mais le mieux est de dégager une contradiction entre deux réponses opposées au sujet, à partir d’un premier travail d’analyse des notions du sujet. Il est très important que tu saches dégager une problématique et sur ce point ce n’est qu’une question de méthode : entraîne-toi !
Dans l’introduction d’une dissertation, après avoir dégagé la problématique, il faut dégager le plan de ton développement. – En lisant ton plan, on doit pouvoir saisir quelle réponse précise tu envisages à la question posée dans chaque partie : on ne doit pas simplement dire « oui / non » ; on ne doit pas simplement reprendre le sujet. On doit formuler une idée précise qui repose sur un début d’analyse des notions du sujet.. – D’autre part, le plan ne doit pas être une simple succession chronologique d’idées déconnectées l’une de l’autre, on doit pouvoir déjà se faire une idée de la progression logique que tu vas suivre.
Dans l’introduction d’une explication de texte, il faut tout d’abord dégager la question directrice du texte, puis montrer que cette question pose problème, que ce n’est pas une question si simple, à laquelle on sait répondre facilement. Pour dégager la question directrice, il faut bien repérer la notion centrale du texte et chercher la question à propos de cette notion qui anime tout le texte. Pour montrer que cette question pose problème, il faut dégager deux réponses opposées (R1 et R2) comme dans la dissertation. Revois la méthode sur ce point, les exemples vus en cours et entraîne-toi.
Dans l’introduction d’une explication de texte, après avoir dégagé la question directrice du texte et montré pourquoi cette question pose problème, il faut dégager la thèse du texte, c’est-à-dire l’idée principale que l’auteur cherche à défendre. Attention, la thèse ce n’est pas une question ou une notion, c’est une affirmation précise. Et il ne s’agit pas de recopier une phrase du texte, il faut formuler par toi-même la thèse, sous la forme d’une ou quelques phrases précises. Vérifie que cette phrase contient un grand nombre des concepts constitutifs du texte, et vérifie qu’il s’agit bien de l’idée essentielle, de l’objectif final vers lequel se dirige tout le texte.
Dans l’introduction d’une explication de texte, il faut dégager la thèse du texte, c’est-à-dire l’idée principale que l’auteur cherche à défendre. Attention, la thèse ce n’est pas une question ou une notion, c’est une affirmation précise. Et il ne s’agit pas de recopier une phrase du texte, il faut formuler par toi-même la thèse, sous la forme d’une ou quelques phrases précises. Vérifie que cette phrase contient un grand nombre des concepts constitutifs du texte, et vérifie qu’il s’agit bien de l’idée essentielle, de l’objectif final vers lequel se dirige tout le texte.
À la fin de l’introduction d’une explication de texte, il faut dégager le plan du texte. Le but est avant tout de mettre en évidence la structure logique du texte.
– Pour chaque partie, on formule à la fois ce que fait l’auteur (quelle étape dans l’argumentation ?) et ce que dit l’auteur (le contenu précis de cette étape).
– On formule clairement la transition entre chaque partie (de préférence sous la forme d’une question) afin de montrer qu’il y a un enchaînement logique des idées dans le texte.
– On n’oublie pas d’indiquer les lignes correspondantes entre parenthèses.
Chaque partie doit consister en l’examen d’une réponse à la question posée. Tu ne peux pas faire une partie simplement consacrée à une notion du sujet. – C’est dans chaque partie qu’il faut faire l’analyse du sujet. – Dans chaque partie, on analyse toutes les notions du sujet (et pas seulement une notion). – L’analyse des notions n’est pas une finalité en elle-même, elle doit seulement permettre de construire et justifier une réponse à la question posée.
Il n’est pas nécessaire de faire trois parties dans une dissertation (si on adopte un plan en deux parties, il suffit de développer davantage chaque partie). Mais si on choisit un plan en trois parties, il faut que la troisième partie corresponde véritablement à une perspective nouvelle sur le sujet. La troisième partie ne doit pas être une sorte de mélange de la partie 1 et de la partie 2. Voici quelques possibilités de plans en trois parties : http://bit.ly/PlansPhilo
Ce n’est pas pertinent de faire des gros blocs de citation, suivis d’une explication. Cette manière de faire pose deux problèmes : – On a l’impression que tu fais du remplissage au lieu de chercher à apporter du contenu qui viendrait de ta propre réflexion sur le texte. – Saucissonner le texte en blocs de citation, cela empêche de comprendre la logique générale du texte, les articulations logiques qui mènent d’une idée à une autre : un texte ce n’est pas une succession chronologique de phrases, mais une progression logique d’idées. Pense donc à faire seulement des citations courtes et ciblées.
L’explication du texte doit être linéaire : il faut suivre le texte pas à pas. On ne doit pas faire une explication thématique, ou bien passer d’un coup de la ligne 1 à la ligne 10. Il faut commencer à la première ligne, aux premiers mots, puis avancer petit à petit jusqu’à la fin du texte, sans sauter de passage, et en s’arrêtant régulièrement sur des points précis, ciblés du texte (qu’il faut alors citer, en en restant à des citations courtes). Sur chacun de ces points ciblés, il s’agit de développer son analyse, et de ne pas aller trop vite à la suite. Il faut prendre le temps d’enrichir sa réflexion avec du contenu précis.
L’explication de texte en philosophie n’est pas similaire à l’explication de texte en français. Il ne faut pas se concentrer sur les mots en tant que tels, sur le style, les manières de parler, d’utiliser tel ou tel pronom ou bien telle ou telle « figure de style ». En philosophie, il faut se focaliser sur les idées directement et éviter ainsi toute remarque qui ne porterait que sur la manière d’écrire et de s’adresser au lecteur.
En fin de partie, il est important de faire une transition, de préférence sous la forme d’une, deux ou trois questions. Dans la dissertation, le but est de problématiser ce qui a déjà été fait : on montre que ce n’est pas si simple et qu’il faut par conséquent poursuivre la réflexion sur le sujet. Dans l’explication de texte, la transition doit surtout bien faire apparaître la progression logique du texte : on montre qu’il y a un enchaînement logique d’une partie à une autre.
Idées d’exercice
- Faire comparer des conclusions, notamment : conclusion radicale nettement formulée vs. conclusion molle, formelle ou relativiste
Dans la conclusion, après avoir rappelé le sujet, il faut faire un récapitulatif précis du cheminement que tu as parcouru, en reprenant ce que tu as fait de manière synthétique, de la première jusqu’à la dernière partie (dans l’ordre). Il faut reprendre les étapes importantes sans tomber dans un survol trop vague de ton développement, et bien souligner les transitions qui t’ont fait passer d’une étape à une autre (de préférence sous la forme d’une question).
Il faut arriver à la fin de la conclusion à une réponse claire. – Il ne faut pas faire d’ouverture. Le but de la conclusion est de conclure, pas d’ouvrir vers une autre question. – Il ne faut pas refuser de répondre, par exemple en affirmant que “ça dépend de chacun”, ou bien en ne tranchant pas entre deux réponses : “Pour certains…, pour d’autres…”, “nous avons montré que (oui), mais aussi que (non)”. – Il ne faut pas terminer par une formule vague et indéterminée. Notamment, il faut éviter les fausses réponses qui ne disent rien de précis : “il faut un juste milieu”, “dans certains cas …”.
À la fin de la conclusion, il faut s’efforcer de dégager l’intérêt philosophique de ta réponse finale sur le sujet (la réponse formulée à la fin de ta dernière partie) : souligne l’idée à laquelle tu t’opposes en définitive, et montrer comment ta réflexion permet de dépasser une idée un peu “simpliste” qu’on pourrait avoir sur le sujet.
Dans la conclusion, après avoir rappelé la question directrice du texte, il faut rappeler de manière synthétique le plan du texte. Il faut reprendre les étapes importantes sans tomber dans un survol trop vague, et bien souligner les transitions qui permettent de passer d’une étape à une autre (de préférence sous la forme d’une question).
À la fin de la conclusion, il faut s’efforcer de dégager l’intérêt philosophique du texte : souligne l’idée à laquelle l’auteur s’oppose en définitive dans ce texte, et, plus précisément, montre comment ce texte permet de dépasser une idée un peu “simpliste” qu’on pourrait avoir sur le sujet.
La conclusion est un moment important du devoir qu’il ne faut pas négliger. La méthode est la suivante :
– Il faut d’abord rappeler la question étudiée (le sujet dans la dissertation, la question directrice dans l’explication).
– Il faut ensuite faire un récapitulatif synthétique du développement (rappel des étapes de ta réflexion dans la dissertation, rappel du plan du texte dans l’explication).
– Il faut enfin souligner l’intérêt philosophique du cheminement parcouru (intérêt de la réponse finale énoncée à la fin de la dernière partie dans la dissertation, intérêt de la thèse de l’auteur dans l’explication).
Idées d’exercice
- Relier idée classique / référence classique
- Exercice sur les arguments convaincants / pas convaincants
- Distinction argument / exemple
- Distinguer des bons usages et des mauvais usages d’exemples
- Reconnaissance de ce qui ne va pas dans des exemples de mauvais arguments
- Exercice pour éviter la paraphrase : repérer dans un texte les éléments qui méritent qu’on s’attarde pour donner un exemple / définir / justifier …
- Travailler sur des exemples de neutralisation du problème (transformation en une question factuelle, pas conceptuelle, question psychologisée, trivialisation, transformation en liste de cas …)
La réflexion philosophique se fonde avant sur une démarche de questionnement et d’argumentation, mais il est nécessaire d’avoir une culture philosophique pour parvenir à une analyse précise des concepts et pour approfondir ta réflexion. Cette culture philosophique nécessaire, c’est avant tout celle de ton cours : tu dois connaître et savoir exploiter des concepts, des distinctions conceptuelles, des thèses philosophiques, des arguments, des objections, … Au minimum, il faut que dans chaque sous-partie, il y ait un concept précis utilisé.
Il faut essayer de parvenir à un propos le plus pertinent possible. Comment être pertinent ?
(a) Il faut éviter les idées qui reposent sur des notions floues, vagues, générales, confuses. Tu dois utiliser des concepts, des distinctions conceptuelles précises et un vocabulaire théorique.
(b) Il faut se demander s’il y a vraiment un débat à propos de l’idée en question. Si l’idée est trop évidente, facile, elle n’a vraisemblablement pas d’intérêt (à moins d’être questionnée).
(c) Il faut que l’argumentation soit convaincante : les arguments doivent être précis et fondés, il faut répondre aux objections possibles.
(d) Il faut utiliser ses connaissances pour aller plus loin dans sa réflexion. Les connaissances ne garantissent pas la pertinence de ton propos, mais sans connaissance utilisée, il y a souvent un risque de ne pas être pertinent.
Ton propos doit être le plus précis possible :
– Pose-toi régulièrement la question « Qu’est-ce que cela veut dire ? » : définis précisément les notions que tu utilises à l’aide de concepts, de distinctions conceptuelles. Utilise des exemples comme support pour faire ton analyse.
– Demande-toi : « Qu’est-ce qui me permet de dire cela ? ». Vérifie si ton idée est justifiée, trouve des arguments pour, développe-les en essayant d’être le plus convaincant possible. Comment pourrais-tu convaincre quelqu’un qui ne serait pas d’accord avec toi ?
– Interroge-toi : « Est-ce vraiment si simple ? ». Essaie de trouver des objections, des critiques, des limites. Est-ce qu’on ne peut pas penser autrement, voir les choses différemment ? Pour quelles raisons ? Quels sont les problèmes qui peuvent se poser ? Quels sont les enjeux (cf. VELIBs) ?
Ton propos doit être le plus clair possible. Il faut éviter d’être confus.
– Il faut d’abord être clair dans la formulation et s’exprimer de manière correcte, adéquate et précise. Le but est d’être compréhensible : il faut imaginer être face à un élève de 2nde, qui ne connaît pas du tout le sujet, et à qui on doit expliquer son idée.
– Il faut être clair dans l’analyse des idées : il ne faut pas faire de contresens sur la signification d’une idée et ne pas mélanger des idées différentes,
– Enfin, il faut être clair dans l’argumentation : il faut dans chaque sous-partie s’efforcer de formuler un argument, en faisant attention à la cohérence et aux liens logiques (lien entre ses idées, lien avec le sujet).
Il faut s’efforcer de parvenir à une argumentation la plus convaincante possible. – Un bon argument doit être fondé sur des idées dont on a montré qu’il est rationnellement acceptable de les accepter. Il faut donc justifier au maximum les idées qui servent de fondement à son argumentation. Il s’agit de se poser sans cesse la question : « Qu’est-ce qui permet de dire cela ? » – Un bon argument doit être cohérent, logique. Il faut d’abord vérifier qu’il y a bien un enchaînement logique dans les étapes de son raisonnement, mais il faut aussi se demander si l’argument que l’on défend n’entraîne pas une contradiction ou bien une incohérence : les conséquences de l’argument sont-elles vraiment acceptables ? – Il faut au maximum examiner les objections possibles aux arguments que tu proposes et essayer d’y répondre.
Il faut parvenir à éviter les lieux communs, les idées faciles, simplistes : toutes les idées qui ne demandent pas beaucoup de réflexion et qui ne font souvent que reprendre ce qu’on peut entendre dans une discussion peu élaborée. Il faut arriver à des idées plus complexes, plus fines, plus intéressantes. Cela suppose un travail, une élaboration qui se fonde sur une analyse précise des concepts, sur une argumentation détaillée et convaincante qui cherche à justifier précisément l’idée et à répondre aux objections possibles. Il faut aussi parvenir à utiliser des connaissances qui permettent d’aller plus loin dans la réflexion sur le sujet.
Dire « ça dépend de chacun », c’est absolument interdit dans un devoir de philosophie : – C’est refuser de prendre position alors que c’est ce qui est demandé. Il faut oser s’engager dans la défense d’une idée, plutôt que de se réfugier dans cette posture qui ne veut froisser personne. – C’est croire que toutes les idées se valent et peuvent être mises sur le même plan (celui de la simple opinion), alors qu’une idée peut être inacceptable, injustifiée, plus ou moins convaincante et qu’il faut donc faire un travail d’examen des arguments et des objections.
Ton travail aborde le sujet de manière trop réductrice et ne parvient pas à saisir la richesse du sujet. De manière générale, essaie au moment de ton travail au brouillon de bien repérer tous les enjeux essentiels du sujet (cf. VELIBs), explore les différentes significations possibles et un maximum de réponses possibles. Pense notamment aux différentes perspectives vues en cours, aux différentes références philosophiques que tu connais : ne pourraient-elles pas être utiles pour envisager d’autres pistes, d’autres angles ? Lorsque tu fais ton plan, efforce-toi d’intégrer au maximum les dimensions importantes du sujet.
L’une des difficultés de l’explication de texte est de dépasser la paraphrase. Pour cela, il faut apporter du contenu au texte et non pas simplement le reformuler avec d’autres mots. Il s’agit avant tout de définir les termes du sujet avec des concepts précis, d’illustrer les idées du texte avec des exemples concrets, et d’expliquer dans quelle mesure les idées du texte sont vraies et pertinentes avec des arguments précis.
Dans l’explication de texte, il faudrait que tu adoptes aussi une démarche de problématisation et que tu te poses la question suivante : est-ce vraiment si simple ? Le but n’est pas de « descendre l’auteur » et de tomber dans la critique facile. Il s’agit de soumettre les idées du texte à des objections afin d’en tester la validité. Essaie de répondre au maximum à ces objections et de souligner ce qu’il reste de pertinent dans le texte malgré ces limites. Ce travail te permettra d’entrer dans une véritable discussion avec le texte et de mieux en saisir les enjeux philosophiques.
Dans un devoir de philosophie, il faut utiliser des concepts précis, des distinctions conceptuelles précises. Tu dois t’efforcer de faire un travail de définition des notions que tu utilises et chercher à explorer la richesse de leur signification. Pose-toi régulièrement la question : « Qu’est-ce que cela veut dire ? ». Utilise les distinctions et les concepts vus en cours.
Les notions importantes du sujet doivent absolument être analysées dans un devoir de philosophie. Il faut que dans chaque partie tu travailles la signification des notions qui sont au cœur du sujet, et que tu t’efforces de leur donner du sens en utilisant des distinctions et des concepts précis.
Il est important dans un devoir de philosophie de donner et d’analyser des exemples. Les exemples ne peuvent pas servir d’arguments (saut pour montrer la possibilité ou l’existence) et il ne faut jamais dériver vers une simple liste de cas particuliers, mais les exemples sont un support essentiel pour expliquer le sens concret d’un concept, d’une distinction conceptuelle ou d’une thèse. Il s’agit alors de montrer à quoi le concept, la distinction conceptuelle, la thèse se rapportent dans la réalité et cela permet de mieux comprendre l’idée.
Ton propos ne doit jamais se réduire à une simple énumération de cas particuliers, d’exemples. – Une argumentation doit être fondée sur des idées générales : des cas particuliers ne prouvent rien et un raisonnement philosophique doit se fonder sur l’analyse des concepts. – Ajouter des cas particuliers les uns à la suite des autres, c’est en rester à une simple juxtaposition : « ça et puis ça et puis ça », alors que ta réflexion doit suivre un fil conducteur et une organisation logique. – Il faut éviter de donner plusieurs exemples pour la même idée : il faut choisir un exemple (le meilleur).
Il est important de donner et analyser des exemples, mais il faut en vérifier la pertinence. (a) on ne donne un exemple que pour clarifier le sens d’un concept ou d’une thèse. Si l’idée est simple ou déjà parfaitement claire, si on voit immédiatement à quoi elle se rapporte dans la réalité, ce n’est pas la peine de donner un exemple. Il faut donc montrer ce que l’exemple apporte : qu’est-ce qu’il permet de comprendre ? (b) On évite de donner plusieurs exemples pour la même idée. On choisit le meilleur exemple. (c) Certains exemples peuvent être courts, pour servir de simple ancrage et aider à commencer une analyse, mais il est intéressant de prendre le temps d’analyser précisément certains exemples qui ont un contenu plus riche. Dans ce cas, il est préférable d’utiliser des exemples issus de ta culture au sens large (cours de philosophie, cinéma, littérature, sciences, histoire, …)
L’usage de références théoriques n’est pas absolument obligatoire, s’il y a par ailleurs utilisation de connaissances philosophiques (concepts, distinctions conceptuelles, thèses, arguments, objections …) sans références précises. Mais il vaut mieux s’efforcer de mobiliser des références théoriques précises pour approfondir sa réflexion et gagner en finesse d’analyse et en pertinence.
Tu ne dois pas tomber dans un catalogue d’opinions d’auteurs. Les références ne doivent pas être la base de ton devoir, mais seulement un moyen de développer tes idées, ta réflexion sur le sujet. – Tu dois organiser ton développement d’abord à partir de ton propre questionnement sur le sujet et à partir de l’analyse des concepts importants : ne commence jamais une sous-partie par un auteur. Commence par expliquer ton idée. La référence ne doit venir qu’après pour approfondir. – Suis une structure logique de progression d’une idée à une autre, et non de simple passage d’un auteur à un autre. Intègre les auteurs à ton raisonnement et au fil conducteur de ta partie.
Il est intéressant d’utiliser des références philosophiques, mais il faut en vérifier la pertinence. (a) Une référence doit servir à aller plus loin dans sa réflexion sur le sujet. Si c’est pour dire quelque chose d’évident, pour répéter une idée déjà formulée, cela n’a pas d’intérêt. Il faut donc montrer ce que la référence apporte : qu’est-ce qu’elle permet de comprendre ? Comment permet-elle d’approfondir la réflexion sur le sujet ? (b) On évite de donner plusieurs références pour la même idée, on choisit la meilleure référence et on la développe de manière claire et précise en sélectionnant ce qui est utile pour le sujet. La référence doit être intégrée et au service de la compréhension du sujet. (c) Il ne faut pas commettre de contresens sur cette référence : il faut respecter le sens spécifique que l’auteur donne aux concepts qu’il utilise, et il ne faut pas utiliser une thèse philosophique pour lui faire dire le contraire de ce que cette thèse affirme.