On peut dire que réfléchir, c'est dire non, car réfléchir c'est dire non aux idées reçues, aux premières idées que nous avons. Réfléchir c'est dépasser l'opinion immédiate.

Plus précisément, il s'agit d'abord de dire non aux idées vagues et confuses : réfléchir de manière critique, c'est comme regarder ses propres lunettes, c'est-à-dire examiner ses idées et chercher à clarifier le sens des notions que l'on utilise. Il faut comprendre de quoi on parle exactement, définir précisément les termes que l'on utilise, ce qui revient à analyser ses idées.

Il faut également dire non aux idées simplistes : réfléchir véritablement, c'est remettre en question les idées étroites qui évacuent la complexité du réel. Comme Socrate, il s'agit d'être comme un taon qui pique un cheval un peu mou. Il faut réveiller son esprit critique, être conscient des difficultés et questionner nos prétendues certitudes, ce qui revient à problématiser.

Enfin, il faut dire non aux idées affirmées sans justification. Il ne faut pas en rester simplement à donner son avis. Il faut, comme l'indique Épictète, placer les idées sur la balance, c'est-à-dire qu'il faut examiner les raisons qui soutiennent une affirmation et les objections qu'on peut faire contre cette idée : il faut faire un travail d'argumentation.

Par conséquent, si réfléchir c'est analyser ses idées, problématiser et argumenter, et si cela revient à dire non aux idées vagues et confuses, non aux idées simplistes et non aux idées sans justification, alors on peut effectivement dire que réfléchir c'est dire non.

Point méthode : construire un raisonnement en philosophie, c'est, le plus souvent, chercher les étapes qui permettent de passer d'une notion du sujet (p.ex. : “réfléchir”) à une autre (p.ex. : “dire non”)