Question 2 – La liberté de parole doit-elle être absolue ?
La conception libérale de la liberté d'expression
Mill défend une conception radicale maximaliste de la liberté d'expression. Toute opinion doit pouvoir être exprimée, même si elle nous semble moralement inacceptable. Seule limite : la liberté d'expression peut être restreinte dans le cas où il y a un risque de nuire à autrui. Mais les seules nuisances qui sont considérées ici sont les menaces qui portent atteinte à l'intégrité physique de la personne (incitation à la violence).
L'argument principal est l'argument de la vérité : la liberté d'expression doit être maximale afin de permettre au maximum l'accès à la vérité.
Il est en effet possible que la thèse adverse soit vraie. Refuser cette possibilité, ce serait croire à son infaillibilité. Même si la thèse adverse est largement fausse, il est possible qu'elle exprime une part de vérité. Et même si la thèse adverse est totalement fausse :
- ne pas restreindre la liberté d'expression permet de mieux comprendre les raisons qui justifient l'opinion vraie
- autoriser le débat permet de développer une conviction plus profonde et plus robuste, et de ne pas en rester à un "dogme mort".
Les limites de la conception libérale
L'argument de Mill prétend que la liberté d'expression doit être maximale pour permettre d'accéder à la vérité et la renforcer, mais :
- la vérité n'est pas la seule valeur : une liberté d'expression maximale autorise la diffusion de discours haineux, qui portent atteinte à la dignité de certaines personnes (ex : discours suprémacistes)
- une liberté d'expression maximale peut nuire à la diffusion de la vérité :
- les informations fausses peuvent exercer une influence plus massive et plus rapide (fake news)
- le contenu des idées fausses a souvent un caractère séduisant, souvent parce que ce contenu est plus simple et/ou plus rassurant
- loi de Brandolini : la diffusion d'une idée fausse est rapide et facile, alors que sa réfutation exige un travail long et difficile.